L’Agence mondiale antidopage (AMA) vient de dévoiler la composition de ses équipes chargées de l’engagement des sportifs olympiques et paralympiques à l’occasion des prochains Jeux olympiques de Paris 2024. L’engagement des sportifs fait référence aux efforts déployés pour impliquer directement les athlètes dans la promotion de l’éthique et de l’intégrité dans le sport. Il s’agit d’initiatives visant à sensibiliser, éduquer et responsabiliser les sportifs sur des questions clés telles que la lutte contre le dopage, la manipulation des compétitions ou encore le respect des valeurs olympiques et paralympiques.
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En faisant des athlètes eux-mêmes des ambassadeurs et des relais de l’information, ces programmes cherchent à favoriser l’adhésion et l’appropriation des règles et bonnes pratiques par la communauté sportive.
Si cette initiative vise à promouvoir une culture du sport propre, force est de constater que la représentation africaine au sein de ces instances reste limitée.
Avec seulement un athlète africain, le Sud-Africain Khotso Mokoena, au sein de l’équipe olympique de onze membres, et aucun représentant dans l’équipe paralympique, le continent semble encore largement sous-représenté. Cette faible visibilité interroge quant à la capacité de l’AMA à pleinement intégrer les réalités et spécificités africaines dans ses programmes de sensibilisation et de formation.
Ainsi, le Sud-africain Khotso Mokoena, quadruple champion olympique en athlétisme et médaillé d’argent en saut en longueur, fait partie de l’équipe aux côtés de représentants d’Amérique (États-Unis, Canada, Salvador, Grenade), d’Europe (Hongrie, Finlande) et d’Asie (Philippines). L’équipe d’engagement des sportifs des Jeux paralympiques ne compte, quant à elle, aucun Africain, étant composée d’athlètes de Croatie, du Canada et de Pologne.
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Sur l’ensemble des deux équipes, le continent africain n’est donc représenté que par un seul membre sur 10, auxquels s’ajoutera la Néo-zélandaise Nikki Hamblin, membre de l’équipe d’éducation de l’AMA. «Cette dernière sera sur place pour fournir des conseils et un soutien pour toutes les questions d’éducation qui seront soulevées pendant le programme d’engagement des sportifs de l’AMA aux Jeux olympiques», souligne l’Agence. À titre de comparaison, l’Europe compte 4 représentants, les Amériques 4, et l’Asie 1.
Cette faible représentativité de l’Afrique pose question quant à la capacité de ces équipes à pleinement promouvoir une culture du sport propre adaptée aux réalités africaines. Pourtant essentielle, l’implication directe d’athlètes de haut niveau dans ces programmes d’éducation antidopage vise justement à favoriser l’adhésion et la compréhension des sportifs grâce à des interactions par les pairs.
Comme le souligne Karine Henrie de l’AMA, «les interactions avec ceux qui ont été dans la même position peuvent avoir un impact marqué sur l’expérience d’un sportif aux Jeux». Des études ont d’ailleurs montré une efficacité accrue de 20 à 30% des campagnes de prévention du dopage menées par d’anciens athlètes.
Khotso Mokoena, quadruple olympien (athlétisme), médaillé d’argent olympique en saut en longueur et président de la commission des sportifs de la confédération sportive sud-africaine et du Comité olympique.. Icon Sport via Getty Images
Si l’inclusion d’un athlète africain de renom comme Khotso Mokoena constitue un pas dans la bonne direction, l’AMA devrait songer à renforcer ses efforts pour mieux représenter la diversité du sport mondial au sein de ses équipes. Une représentation africaine renforcée permettrait une meilleure contextualisation des enjeux antidopage pour le continent et faciliterait l’appropriation de cette thématique par les athlètes et institutions sportives locales.
Meilleur diversité au sein du Conseil des sportifs de l’AMA
Au-delà des équipes d’engagement, le Conseil des sportifs de l’AMA, organe consultatif clé, affiche une meilleure diversité avec notamment la présence de Gaby Ahrens de Namibie et Humphrey Kayange du Kenya. Cependant, sur les 11 membres de ce Conseil, seuls deux sont originaires d’Afrique, soit moins de 20% de la composition totale.
Cette sous-représentation soulève des interrogations légitimes sur la gouvernance sportive mondiale et sa capacité à refléter fidèlement la diversité des acteurs et des enjeux. En effet, l’implication directe d’athlètes de haut niveau issus de différents horizons est essentielle pour favoriser l’adhésion et la compréhension des programmes antidopage par les sportifs concernés.
Au-delà de la seule question de la lutte antidopage, cette problématique soulève des défis plus larges en matière de gouvernance du sport en Afrique. La faible représentativité des instances internationales traduit en effet des lacunes structurelles en termes d’expertise, de formation et d’accompagnement des acteurs sportifs africains.