L’ancienne nageuse de 41 ans, qui a remporté sept des huit médailles olympiques de son pays, a été élue jeudi à la tête du CIO, devenant ainsi la plus jeune présidente, la première femme, et la première Africaine à occuper ce poste.
Elle méritait ce poste, a déclaré le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa.
«Nous sommes très heureux», a-t-il dit aux journalistes. «C’est une réussite. Surtout, elle le mérite, elle a fait beaucoup. Elle est hautement, hautement qualifiée pour ce poste».
Kirsty Coventry a rejoint en 2018 un gouvernement zimbabwéen très critiqué, en tant que ministre des Sports et des Arts.
Son élection comme présidente du CIO est «un moment d’immense fierté pour le Zimbabwe et l’Afrique», a déclaré le président de l’Association de Football du Zimbabwe (ZIFA), Nqobile Magwizi, dans un message sur les réseaux sociaux.
«Son dévouement inébranlable, son leadership et sa passion pour le sport ont inspiré des générations, et nous ne doutons pas qu’elle mènera le mouvement olympique vers des sommets encore plus élevés», a-t-il dit.
«Nous sommes fiers de la soutenir dans ce moment où qu’elle conduit le CIO vers une nouvelle ère», a pour sa part déclaré le Comité olympique du Zimbabwe.
Lire aussi : JO-Paris 2024: voici le classement des médailles des pays africains
Une habitante de la capitale Harare, Primrose Kazunza, a confié à l’AFP: «Elle a hissé notre drapeau très haut car le Zimbabwe (...) est un pays rejeté».
Ce pays d’Afrique australe souffre d’une grave crise économique depuis plusieurs années, alimentée par des allégations de corruption au sein du gouvernement, de népotisme et de mauvaise gestion.
D’autres commentateurs ont critiqué l’état du sport au Zimbabwe après presque six ans avec Mme Coventry comme ministre.
Le journaliste Steve Vickers a ainsi souligné le temps nécessaire pour rénover le stade national de sports, fermé pour travaux en 2023. La Confédération africaine de football (CAF) a interdit au stade d’accueillir des matchs internationaux en 2021 en raison de son mauvais état, une décision qui s’étend désormais à tous les stades zimbabwéens.
Mais l’élection de Kirsty Coventry était moins liée à son rôle de ministre qu’à ses propres réussites sportives, son rôle de présidente de la Commission des athlètes (2018-2021) et sa compréhension de la politique du CIO, a souligné Steve Vickers.
Bilan «désastreux»
Pour le rédacteur en chef du magazine sportif Bhora Afrika, Leopold Munhende, Kirsty Coventry a peu fait pour le développement du sport pour les plus défavorisés au Zimbabwe.
Selon lui, ceux qui louent son travail de ministre ne parlent que des sports pratiqués par les couches aisées de la société, comme le cricket, le rugby et la natation.
Lire aussi : Jeux olympiques: voici les 10 pays africains les plus médaillés depuis la première édition
«La personne ordinaire des quartiers défavorisés n’a rien obtenu et n’attend rien», a-t-il dit à l’AFP, ajoutant: «Je pense que Mme Coventry a été propulsée à un poste de direction avant d’avoir eu le temps d’acquérir suffisamment d’expérience».
Marshall Muzamindo, un passionné de football de la ville de Bulawayo, a confié à l’AFP qu’il se réjouissait pour elle et le Zimbabwe, tout en considérant que son bilan comme ministre était «désastreux».
«Notre équipe nationale de football doit jouer ses matchs dans les pays voisins parce qu’ils ont interdit nos stades» pendant qu’elle était ministre, a-t-il dit. Il lui reproche également son appartenance à «un régime incompétent et corrompu».
Le rôle de Kirsty Coventry en tant que ministre des Sports du Zimbabwe «n’a aucune pertinence» pour sa nouvelle nomination, a affirmé le journaliste sportif Hope Chizuzu. Selon lui, au Zimbabwe, les ministres ne sont que des «façades politiques».
Pour l’analyste Lyton Ncube, avoir une représentante de l’Afrique dans l’organe administratif le plus puissant du sport reste une chose positive.
« Coventry a démontré qu’il existe une capacité d’action dans le Sud global» a-t-il déclaré à l’AFP. «Je suis convaincu qu’avec le soutien nécessaire, Coventry va mener le CIO vers l’excellence sportive».