Les Springboks, longtemps en supériorité numérique après le carton rouge du capitaine All Black Sam Cane à la 35e, ont inscrit tous leurs points grâce à la botte de Handré Pollard, conservant leur titre acquis en 2019 au Japon.
L’Afrique du Sud, championne du monde pour la quatrième fois de son histoire et pour la deuxième fois d’affilée, s’est appuyée sur un groupe homogène lors du Mondial-2023, duquel sont ressortis cinq joueurs, symboles de leur longévité au sommet du rugby mondial.
Eben Etzebeth: pour l’emblématique deuxième ligne sud-africain, Victor Matfield, il est le « meilleur joueur du monde »; pour World Rugby, il pourrait être le joueur de l’année dimanche; pour le XV de France, il a été un tortionnaire, tant pour son « interception en-avant », décisive lors de l’élimination des Bleus (29-28), que pour son essai inscrit lors de ce quart de finale. Indéniablement, le deuxième ligne Eben Etezebeth, 31 ans, aura été le meilleur Springbok de la Coupe du monde, exécuteur des basses œuvres mais omniprésent dans le jeu, symbole d’une équipe championne du monde en 2019, qui a papillonné pendant quatre ans avant de revenir au sommet au bon moment, avec un groupe inchangé ou si peu.
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Handré Pollard: sorti du chapeau de Rassie Erasmus et Jacques Nienaber, les deux têtes pensantes des Springboks, Pollard, champion du monde 2019, n’avait initialement pas été retenu en raison d’une blessure à un mollet. Mais l’ancien ouvreur de Montpellier (2019-2022), par le truchement de la blessure du... talonneur Malcolm Marx, est revenu en cours de compétition. Il est même passé de remplaçant providentiel à titulaire indispensable pendant le tournoi et aura été l’atout pragmatisme des Springboks, celui qui, par ses coups de pied et son expérience, a permis le doublé. Bourreau des Bleus en quart, puis des Anglais en demie, grâce chaque fois à une pénalité de près de 50 mètres, il a réitéré en finale face aux Blacks, inscrivant tous les points de son équipe (12 points) grâce à un sang-froid à toute épreuve.
Bongi Mbonambi: une Coupe du monde unique pour le seul talonneur de métier du groupe sud-africain durant laquelle Mbonambi, 32 ans, aura été au cœur du combat et de la polémique. Après la demi-finale face à l’Angleterre, il a été accusé d’avoir formulé une injure raciale à l’encontre du troisième ligne adverse, Tom Curry, mais a été sauvé in extremis pour la finale par World Rugby, faute de preuve. Une bien maigre consolation puisque Mbonambi qui avait joué plus que de raison jusqu’alors, s’est blessé dès les premières minutes de la rencontre face aux Blacks pour laisser sa place à Deon Fourie, troisième ligne de métier, propulsé talonneur remplaçant par Nienaber et Erasmus après la blessure de Malcolm Marx en cours de tournoi. La finale et la polémique exceptées, Mbonambi aura été le symbole de la confiance du duo Erasmus/Nienaber en leur groupe, en leurs joueurs, au-delà de leur poste.
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Siya Kolisi: dans une finale au scénario si particulier pour les capitaines respectifs des deux équipes, Kolisi est encore sorti vainqueur. Alors que Sam Cane a vu son carton jaune pour jeu déloyal se transformer en carton rouge et a dû laisser ses partenaires à 14 durant près de 50 minutes, Kolisi, lui, a pu rejoindre les siens après dix minutes de pénitence pour un carton jaune, également pour jeu déloyal. Le premier capitaine noir des Springboks, passé du « township » au sommet du rugby, sera rentré un peu plus dans la légende sud-africaine lors du Mondial français avec plus de cinquante sélections en tant que capitaine et deux titres à la clé. S’il n’a pas été énormément influent dans le jeu, comme en témoigne ses sorties rapides lors des matches à élimination directe, le capitaine des Boks ne se sera jamais départi de son aura, incommensurable. C’est lui qui, au Stade de France de Saint-Denis, a soulevé le trophée Webb Ellis pour la deuxième fois d’affilée, tentant par sa seule personne de réunir par le sport la nation arc-en-ciel.
Ox Nche: Nche n’aura été ni le Springbok au temps de jeu le plus important, ni le joueur sud-africain le plus influent. Et pourtant, le pilier gauche a bien sa part du gâteau dans le second sacre mondial consécutif de l’Afrique du Sud. Parce qu’il aura été, lui, le symbole de la puissance du banc sud-africain, primordiale dans la conquête du doublé. Nienaber et Erasmus, les têtes pensantes boks, auront alimenté tous les avant-matches grâce à leur stratégie innovante pour composer leur banc. Cinq avants pour trois arrières, six pour deux ou même sept plus un, Nche quoi qu’il en soit, était l’un des visages de la « bomb squad » sud-africaine, ces remplaçants décisifs dans l’obtention du titre. Notamment lors de sa performance en demi-finale face à l’Angleterre durant laquelle sa prestation en mêlée fermée aura permis à l’Afrique du Sud de conserver son avantage de un point (16-15). Comme une semaine plus tôt face à la France (29-28) et une semaine plus tard face aux All Blacks (12-11).