Tout a commencé avec Cristiano Ronaldo. Le 30 décembre 2022, la star portugaise surprenait le monde du football, et même le monde entier, en s’engageant avec le club saoudien d’Al-Nassr jusqu’en juin 2025. C’était l’élément déclencheur de la ruée vers l’or. De nombreux autres joueurs, dont certains sont également de véritables stars, ont répondu favorablement à l’appel des sirènes du championnat saoudien.
Neymar Jr (Paris Saint-Germain vers Al-Hilal), Karim Benzema (Real Madrid vers Al-Ittihad), N’Golo Kanté (Chelsea vers Al-Ittihad), Sergej Milinkovic-Savic (Lazio Rome vers Al-Hilal), Fabinho (Liverpool vers Al-Ittihad), Moussa Dembélé (Olympique Lyonnais vers Al-Ettifaq), Yannick Carrasco (Atlético de Madrid vers Al-Shabab), Georginio Wijnaldum (Paris Saint-Germain vers Al-Ettifaq), Roberto Firmino (Liverpool vers Al-Ahli)... Pas moins d’une trentaine de stars du football européen - cadres dans leurs équipes, en fin de contrat, jeunes prometteurs... - ont choisi de s’exiler au Golfe, surtout en Arabie saoudite, rien qu’en 2023.
Des motivations à peines voilées
Qu’est-ce qui les attire? L’ex-star de Liverpool Jordan Henderson (33 ans) a nié que l’argent ait été la raison de son transfert. «On peut me croire ou pas, mais, dans ma carrière, l’argent n’a jamais été une motivation. Jamais», dit-il à qui veut l’entendre. Et il n’est pas le seul à expliquer son départ pour le Golfe pour des raisons «nobles» comme «le projet sportif», «l’environnement», etc. Mais difficile d’y croire quand on sait, par exemple, que le salaire de l’international britannique, dont le contrat court sur trois ans, irait jusqu’à 816.000 euros par semaine, selon la presse...
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On aura beau le dire, l’argent reste le nerf de la guerre et dans le football, comme dans la quasi-totalité des sports, c’est une vérité incontestable. L’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe attirent les footballeurs à coup de millions d’euros auxquels il est difficile de résister. Neymar Jr, CR7 et Benzema ne diront pas le contraire. Même Lionel Messi a failli y passer...
L’Afrique, un cas isolé
Mais dans cette vague de joueurs qui se laissent séduire par les «projets sportifs» des clubs du Golfe, il y a une sous tendance dont l’on parle peu: les footballeurs africains. De grandes stars de notre continent font actuellement le bonheur des aficionados saoudiens et de la région.
On peut parler des Ivoiriens Franck Kessié (FC Barcelone vers Al-Ahli), Ghislain Konan (Stade de Reims vers Al-Nassr) et Séko Fofana (qui a été le principal acteur du retour du Racing Club de Lens en Champions League cette année, avant de signer à Al-Nassr).
Le Golfe n’a pas non plus laissé indifférents les Sénégalais Sadio Mané (FC Bayern vers Al-Nassr), Kalidou Koulibaly (Chelsea vers Al-Hilal), Edouard Mendy (Chelsea vers Al-Ahli FC), Abdou Diallo (PSG vers Al-Arabi) et Habib Diallo (RC Strasbourg vers Al-Shabab). L’Algérien Ryad Mahrez (Manchester City vers Al Ahli) fait également partie de ces footballeurs qui ont posé leurs crampons en Arabie Saoudite.
Il en est de même pour les Marocains Yassine Bounou (FC Seville vers Al Hilal), qui est d’ailleurs nommé pour le Trophée Yachine du meilleur gardien de buts dans le cadre du Ballon d’or 2023, Romain Saïss (Al-Shabab en prêt du club qatari d’Al-Sadd) et Jawad El Yamiq (Valladolid vers Al-Wehda).
Devrait-on s’inquiéter pour l’Afrique? Parce que, contrairement à l’Europe ou l’Amérique, surtout celle du Sud, notre continent ne compte pas de nombreux joueurs au plus haut niveau, évoluant dans les plus grands championnats européens. Alors voir des joueurs de premier plan comme Mané, Coulibaly, Mahrez, Kessié & Co rejoindre un championnat qui n’était jusque-là pas connu comme «sérieux» a de quoi inquiéter, surtout en matière d’impact sur la qualité de jeu de nos sélections nationales respectives.
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Les championnats du Golfe ne sont, certes, pas négligeables, mais les confrontations entre les clubs de cette région et ceux du Vieux continent, par exemple, ou même d’Amérique du Sud, nous donnent une bonne idée de la différence de niveaux.
Pas vraiment un problème?
C’est un secret de polichinelle: les sélectionneurs africains n’ont pas vraiment l’embarras du choix quand il s’agit de constituer leurs équipes. Mais devraient-il s’inquiéter face à cette nouvelle tendance? «Pour moi, aujourd’hui, le championnat saoudien surpasse le championnat belge ou néerlandais. Lorsque je vois des équipes comme Al-Nassr et Al-Hilal, qui affrontent des joueurs tels que Neymar, Bounou, Brozovic, Benzema, etc., il est important de respecter ces championnats», avait commenté le sélectionneur national du Maroc, Walid Regragui, le 31 août dernier. Selon lui, tant que les joueurs évoluant au Golfe «maintiennent leur meilleur niveau, ils resteront en sélection». Voilà qui est clair. Sa position fait également écho à celle de Didier Deschamps. Le sélectionneur des Bleus avait affirmé que «N’Golo Kanté reste sélectionnable même s’il évolue en Arabie saoudite».
La loi du terrain
Mais est-il possible de maintenir son niveau quand on rejoint un championnat qui n’est pas des plus exigeants, où les adversaires en face, reconnaissons-le, sont loin du niveau des équipes européennes, même les «petites»? Il est encore tôt pour répondre, mais nous pouvons déjà spéculer sur la base des derniers matches disputés au niveau continental.
Prenons l’exemple de l’amical Sénégal-Algérie, joué au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio, près de Dakar, le 12 septembre. Eh bien, les champions d’Afrique en titre, dont la domination continentale était incontestée au cours des années récentes - nous avons nommé les Lions de la Teranga - ont perdu devant leur public (0-1).
Quatre «Saoudiens» étaient titulaires, à savoir Kalidou Coulibaly, Edouard Mendy, Abdou Diallo et Sadio Mané. Ce dernier, pourtant connu pour son calme et son amabilité, n’a pas pu cacher sa colère après cette défaite, repoussant le micro d’un journaliste algérien qui voulait lui arracher quelques mots à la fin du match.
Et notons que quelques jours auparavant, les poulains d’Aliou Cissé avaient été accrochés par... le Rwanda (1-1) lors de la 6e et dernière journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations Côte d’Ivoire 2023.
Est-ce un signe? Quoi qu’il en soit, seul le temps dira s’il faut s’inquiéter de cette vague de départs de certains des meilleurs footballeurs africains vers le Golfe.