Rwanda: l’e-sport africain entre dans une nouvelle ère

Les vainqueurs de la première édition SBA Esports Cup.

Le 12/09/2025 à 09h01

VidéoRéunis à Kigali pour la toute première SBA Esports Cup, des joueurs venus de huit pays africains ont offert un spectacle qui dépasse le simple jeu vidéo. Derrière les manettes, c’est tout un continent qui rêve de se tailler une place dans l’économie mondiale du gaming, un secteur évalué à plus de 300 milliards de dollars.

Kigali accueille le SportsBiz Africa Business Forum en partenariat avec de Conseil Sportif l’Union Africaine, les 9 et 10 Septembre 2025. Mais avant ça, la capitale a également vu l’organisation de la toute première édition de la coupe d’e-sport en Afrique, qui a réuni les meilleurs jeunes africains, amateurs du gaming.

Ils étaient huit, venus du Nigeria, d’Égypte, d’Afrique du Sud, du Kenya, de Tanzanie, d’Ouganda, du Soudan du Sud et du Rwanda. Tous réunis à Kigali, le 7 septembre, pour la première édition de la SBA Esports Cup. Une compétition continentale organisée autour du jeu EA FC 25 (PS5), dotée d’une cagnotte de 5.000 dollars. Au-delà du trophée, l’événement, diffusé en direct sur YouTube, a permis de franchir une étape symbolique: l’Afrique revendique désormais sa place dans le paysage mondial de l’e-sport.

Pour le grand vainqueur, le Sud-Africain Zaid April, la victoire était avant tout une revanche personnelle. «Mon adversaire m’avait battu en qualifications, mais je me suis dit que j’allais jouer l’esprit clair. J’ai gardé mon sang-froid et cru en moi jusqu’au bout». Comme lui, beaucoup de participants ont découvert, pour la première fois, la compétition en présentiel, loin des aléas de la connexion internet, symbole d’une maturité nouvelle pour la scène africaine.

Mais l’e-sport sur le continent reste un chantier inachevé dans plusieurs pays. Le Rwandais Praise Nyamwasa, unique représentant local et qui faisait ses premiers pas dans un tournoi international, l’a exprimé sans détour. «Mes adversaires avaient des entraîneurs et des managers. Moi, j’étais seul, sans préparation ni soutien. Oui, nous avons des talents, mais j’ai l’impression qu’ils sont gaspillés». Un témoignage qui révèle l’écart criant entre la passion des jeunes et l’absence de structures adaptées.

Pour les organisateurs, cette compétition n’est qu’un début. Ronny Lusigi, président d’IndexG Esports et président de la fédération kenyane de l’e-sports, rappelle que le Rwanda avait déjà su impulser le basketball, le cyclisme et le sport automobile à l’échelle continentale. «L’e-sport connaît un essor fulgurant et a même été reconnu par le CIO comme discipline olympique. Il fallait un point de départ africain et Kigali était l’endroit idéal». À ses yeux, multiplier les compétitions physiques est vital pour garantir l’équité, loin des limites techniques qui freinent les qualifications en ligne.

Derrière ces manettes, c’est une véritable industrie qui se dessine. Selon Newzoo, l’e-sport mondial devrait franchir les 1,8 milliard de dollars de revenus en 2025, et le gaming au sens large pèse déjà plus de 300 milliards.

L’Afrique, encore marginale, possède une carte à jouer grâce à une population jeune, hyperconnectée et avide de nouvelles opportunités. La SBA Esports Cup n’a pas seulement couronné un champion: elle a montré qu’avec de l’investissement, des infrastructures et du soutien institutionnel, l’Afrique peut transformer une passion en moteur économique et culturel.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 12/09/2025 à 09h01