Le moral des opérateurs économiques tunisiens n’est pas au beau fixe. Si la conjoncture économique n’est pas favorable, leur pessimisme semble atteindre un niveau inquiétant.
En effet, les résultats du «Baromètre 2019 des Entreprises en Tunisie: moral, préoccupation et perspectives des dirigeants d’entreprises» de EY Tunisie, une enquête portant sur un échantillon de 258 entreprises tunisiennes dont le capital social ne dépasse pas les 50 milliards de dinars tunisiens, sont très inquiétantes.
58% des chefs d’entreprises sondés estiment que leurs activités seront menacées dans les deux années à venir. Un pourcentage en très forte augmentation, sachant qu’ils étaient seulement 25% en 2015.
Ce pourcentage monte même à 68% pour les petites entreprises, qui constituent plus de 95% du tissu économique tunisien.
Pire encore, 51% des patrons interrogés sont quasiment sûrs qu’ils seront obligés de fermer leur entreprise d’ici 2020.
Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce pessimisme. D’abord, il y a les effets de la longue période d’instabilité politique et sociale que le pays traverse depuis la Révolution du Jasmin, en 2011.
Ensuite, la conjoncture économique défavorable est en partie la conséquence de l'actuelle crise politique et sociale, mais aussi une conséquence de la situation sécuritaire qui a plombé l’économie tunisienne au cours de ces dernières années, en affectant notamment les investissements directs étrangers et des secteurs névralgiques, comme le tourisme.
En outre, les chefs d’entreprises sont frappés de plein fouet par des difficultés financières, conséquences de lois de finances et de politiques d’austérité élaborées par les gouvernements successifs depuis 2011.
Autant de facteurs qui ont affecté les capacités de résilience des entreprises tunisiennes et le moral des chefs d’entreprises du pays.
Ainsi, selon les résultats de cette enquête, 51% des chefs d’entreprises tablent sur une détérioration de la situation politique et 56% estiment que la situation économique va se détériorer pour l’exercice 2019.
Seuls 35% des patrons d’entreprises entrevoient d’investir en 2019, contre 48% pour l’année précédente.
Il convient tout de même de noter que cette situation n’affecte pas tous les secteurs dans les mêmes proportions. Les secteurs des technologies de l’information et des communications ainsi que l'industrie automobile continuent quant à eux d'afficher une certaine dynamique.
Les entreprises de ces secteurs tablent sur une amélioration de leurs revenus et 48% des chefs d’entreprises de ces secteurs tablent sur une augmentation de leurs investissements.
Les secteurs exportateurs bénéficient également de la forte dépréciation du dinar tunisien vis-à-vis des devises étrangères, ce qui a rendu les exportations du pays plus compétitives par rapport aux pays concurrents. Si visiblement, au regard de cette étude, le moral des entrepreneurs n'est pas bon, les perspectives qui s'offrent à l'économie tunisienne ne s'annoncent pas, quant à elles, des plus sombres.