Avec les effets négatifs de la pandémie du coronavirus, l’économie tunisienne devrait connaître, dans le meilleur des cas, une récession de l’ordre de -7,2%, selon les dernières estimations du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Au second trimestre 2020, le PIB du pays s’est contracté de 21,6% en rythme annuel, une baisse inédite qui s’explique par la chute des contributions de tous les secteurs, en dehors de l’agriculture.
Cette contraction du PIB, la première depuis 1962, consécutive à l’impact du Covid-19 va fortement impacter le secteur bancaire tunisien.
Ainsi, selon l’agence de notation Fitch Ratings, qui rend un rapport sur les perspectives de la résilience du secteur bancaire tunisien à court terme, en l’occurrence à l’horizon des 12 mois prochains, les banques tunisiennes seront confrontées à une forte augmentation des risques d’impayés des crédits.
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Une situation qui s'explique par un ensemble de facteurs, comme le fait que les entreprises et les ménages tunisiens aient été durement impactés par les effets des confinements et du couvre-feu, la baisse de la demande mondiale adressée à l’économie tunisienne (textile, composants automobiles, etc.), les effets de la fermeture des frontières sur le secteur stratégique du tourisme (hôtellerie, agences de voyages, artisanat), etc.
Les acteurs de ces secteurs sinistrés ne pourront vraisemblablement pas faire face à leurs engagements bancaires.
Du coût, les impayés vont augmenter fortement avec la fin des mesures qui ont été prises par les autorités pour les rééchelonner. Pour y faire face, les banques sont tenues d’augmenter très sensiblement les provisions pour risques d’impayés, comme le prévoie la politique monétaire restrictive adoptée par la BCT.
A ce titre, le ratio de provisionnement des crédits par rapport au résultat d’exploitation est passé de 29,9% en 2019 à 62,9% pour un échantillon représentatif de quelques grandes banques cotées à la Bourse de Tunis au terme du premier semestre 2020.
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Conséquence, la rentabilité du secteur bancaire qui était assez faible inquiète. A l’instar de nombreux secteurs, celui des banques risque de se détériorer davantage cette année à cause de la hausse des impayés et du ralentissement de l’activité bancaire.
Ainsi, Fitch Ratings prévoit une détérioration des indicateurs financiers au-delà des limites et normes en vigueur. Une situation qui risque de laminer les fonds propres des banques pour couvrir les risques.
La situation des banques tunisiennes va d'autant plus se corser à partir de la fin de l’exercice 2021 lorsqu’elles passeront à la norme IFRS 9: un modèle de classement des actifs financiers fondé sur les caractéristiques des flux de trésorerie et le modèle économique dans lequel l’actif est détenu. Ce passage à la norme IFRS 9 devrait impacter la qualité des actifs déclarés et donc nécessiter un provisionnement supplémentaire du fait de l’utilisation d’informations prospectives dans leurs modèles.
Conséquence, Fitch Ratings pourrait revoir à la baisse les notations des banques tunisiennes les plus affectées.