Le 16 janvier, M. Mechichi a procédé à un remaniement affectant 11 ministères dont ceux de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé. Après un vote de confiance le 27 janvier en leur faveur, les nouveaux ministres devaient prêter serment au palais présidentiel avant de prendre leur fonction.
Mais la cérémonie n'a toujours pas eu lieu.
Saied avait critiqué le remaniement, regrettant de ne pas avoir été consulté et accusant certains ministres d'être soupçonnés de corruption. Il a aussi fustigé la procédure employée, pas constitutionnelle selon lui.
Rien dans les textes n'oblige le gouvernement à obtenir l'approbation du Parlement pour un remaniement. En revanche le remaniement doit être accompagné d'une délibération du Conseil des ministres, comme le stipule la Constitution, une procédure qui n'a pas été respectée selon Saied.
"Je ne reculerai pas devant mes principes. J'ai juré devant Dieu en mettant ma main sur le Coran de respecter la Constitution", a-t-il déclaré mercredi devant Noureddine Taboubi, secrétaire générale de la puissante syndicale l'UGTT.
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"Je ne serai jamais (au service NDLR) de quiconque qui cherche à renverser l'Etat", a poursuivi ce spécialiste du droit constitutionnel.
Ce bras de fer entre le président, un indépendant, et les principaux partis au Parlement -le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha et les libéraux de Qalb Tounès, favorables au nouveau gouvernement-, intervient alors que le pays est touché de plein fouet par la pandémie de coronavirus et ses retombées sociales.
L'UGTT a mis en garde contre "l'exacerbation de la crise politique à un point qui menace l'entité de l'Etat". Cette crise porte atteinte à la "crédibilité de la Tunisie à l'étranger" et risque d'aggraver les difficultés sociales, a averti le syndicat dans un communiqué.
La Tunisie, qui dépend de bailleurs de fonds, n'a pas encore bouclé son budget 2021, et pourrait faire face à un nouveau recul historique du PIB en 2021, avec -9% attendu selon la Banque mondiale.