La ville de Sfax, poumon de l’économie tunisienne, croule sous l’amoncèlement des déchets ménagers depuis quelques semaines à cause de la fermeture de la décharge d’El Kenna située à Agareb, par ses habitants. Face à cette situation, les autorités ont décidé de rouvrir la décharge par la force, suite à une décision du ministère de l’Environnement.
Du coup, la tentative de rouvrir la décharge a ravivé les tensions entre riverains .
Selon les riverains qui pensaient que le sujet de la décharge est définitivement enterré, cette tentative de la rouvrir a provoqué des affrontements ont opposé les habitants et la police. Face au refus des résidents de laisser les camions déverser les déchets au niveau de la décharge, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants.
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L’opposition des populations à la décharge d’Agareb n’est pas nouvelle. En 2019, suite au décès d’une fillette, due à une infection bactérienne que certains ont attribué à la toxicité engendrée par la déchèterie, avait suscité de vives réactions des populations. En plus de cet incident, les habitants de cette petite ville de 50.000 habitants dénoncent diverses maladies causées par la décharge, en plus de la gêne occasionnée par les moustiques et les mauvaises odeurs. En conséquence, en août 2020, les habitants avaient obtenu une décision judiciaire de fermeture définitive de la décharge située aux portes de la ville. Une fermeture effective mise en place le 27 septembre 2021.
Seulement, en quelques semaines, les conséquences se sont fait sentir sur la ville de Sfax, poumon de l’économie tunisienne, et ses 700.000 habitants, avec un paysage de déchets s’accumulant sur des kilomètres. N’ayant aucune alternative pour déverser les déchets ménagers qui s’accumulent dans la ville, le ministère de l’Environnement a tout simplement décidé de rouvrir la décharge d’El Kenna, bravant une décision judiciaire de fermeture définitive de la décharge, après une décision des plus hautes autorités du pays, tout en annonçant la mise à niveau du site: extraction des gaz et leurs traitement, élimination des odeurs, traitement contre les insectes…
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L'annonce de cette mise à niveau n'a pas empêché les tensions entre les riverains et les forces de l’ordre dans la nuit de lundi à mardi.
Ces affrontements auraient fait de nombreux blessés. Selon les manifestants, un homme est décédé des suites d’asphyxie au gaz. Toutefois, selon le ministère de l’Intérieur, le jeune homme est décédé d’une crise cardiaque à son domicile à 6 km du lieu où se sont déroulés les affrontements avec les citoyens.
Remontés, les jeunes en colère après ce décès ont incendié ce mardi 9 novembre le poste de la Garde nationale d’Agareb obligeant les forces de l’ordre à se retirer.