Dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne, l’Algérie n’a pas trouvé son compte. Bien au contraire, selon la direction des recouvrements des Douanes algériennes, cet accord s’est traduit par un manque à gagner en droits de douane de l’ordre de 700 milliards de dinars, soit environ 7 milliards de dollars, sur la période 2005-2015. Et pour 2016, cette perte a été évaluée à 120 milliards de dinars.
Face à cette situation, le gouvernement algérien a décidé de ne pas renégocier cet accord avec l’Union européenne. C'est ce qu'indique le chef de la Délégation de l’Union européenne en Algérie, John O’Rourke, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision El Djazaïria.
Reste à savoir que pouvait attendre réellement l’Algérie de cet accord quand on sait que toute l’économie du pays repose uniquement sur les exportations d'hydrocarbures, qui représentent entre 93 et 97% des exportations algériennes, selon le cours du baril de pétrole. En clair, le pays ne dispose d’aucune offre d’exportation sur le continent européen, hormis le pétrole et le gaz.
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A contrario, l’Algérie importe tout ou presque, principalement de son voisin du nord. Conséquence, avec l’accord qui se traduit par une baisse des droits douaniers, le manque à gagner est indéniable pour les recettes algériennes qui ne tirent aucun bénéfice douanier des exportations..
Conséquence, et contrairement à ses voisins, marocains et tunisiens, qui ont des économies plus diversifiées (agroalimentaire, textile & habillement, automobile, composants électroniques, engrais, etc.), avec l’accord d’association, l’Algérie a «mis la charrue avant les boeufs». Et si le niveau des recettes de la rente pétrolière permettait auparavant de cacher cette déconfiture, la crise a fini par mettre à nu tout le modèle économique rentier sur lequel reposaient les gouvernements qui se sont succédé à la tête de l’Algérie depuis l’indépendance.
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Et cette faiblesse est reconnue à juste titre par l’Union européenne. «Même les questions économiques ne se réduisent pas simplement à la question des échanges commerciaux. Evidemment, l’Europe a un intérêt à vendre ses produits en Algérie puisque cela est générateur de profit et de travail dans l’Union européenne. Mais à quoi bon mettre en place ces échanges commerciaux si le partenaire devait être faible économiquement? Notre intérêt principal dans cette relation c’est d’avoir un partenaire fort qui se développe bien et qui soit économiquement et politiquement solide».
En clair, afin que les deux partenaires puissent continuer à avoir des relations solides, il faut que l’Algérie construise une économie forte et diversifiée, moins dépendante des hydrocarbures et compétitive, afin d’améliorer ses échanges avec le reste du monde. Mais, à bien écouter O’Rourke, cela ne suffit pas. Il faut aussi un système politique plus solide. En clair, l’Algérie a besoin d’une double révolution: économique et politique.