Jeudi 27 avril, plusieurs employés du groupe Cévital ont manifesté contre le refus des autorités algériennes de laisser débarquer d'importants équipements industriels appartenant au patron du groupe agro-alimentaire.
Alors que Cevital, groupe du milliardaire Issad Rebrab, envisage de renforcer ses investissements dans le domaine de la trituration, les responsables du port de Béjaïa s'y sont catégoriquement opposés. En effet, l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) a purement et simplement refusé le débarquement des équipements de Cévital destinés à son activité industrielle de production d'huile.
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Les faits sont kafkaïens. Le 26 mars, arrive un navire avec la cargaison composée desdits équipements. Le directeur du port, Djelloul Achour, désigné par la presse algérienne comme le principal responsable dans cette affaire, refuse le débarquement. Le groupe Cévital, qui doit supporter des surestuaries de 20.000 dollars quotidiennement, n'a d'autres choix que de saisir la Justice. Il obtient gain de cause auprès du tribunal de première instance le 27 mars, statuant en matière de référé maritime. Mais, l'EPB interjette appel, et finalement la jutice casse le jugement en première instance.
Un autre port, mais pas Béjaïa
Le navire qui était en rade dans les eaux algériennes est sommé de prendre le large. Les équipements seront débarqués quelque part dans un port de la rive nord de la Méditerranée.
Evidemment, l'acharnement d'une entreprise portuaire pour s'opposer à un investissement aussi important est plus qu'intrigant. L'affaire a même surgi dans la campagne électorale des législatives. Ahmed Ouyahia, non moins directeur de cabinet d'Abdelaziz Bouteflika, ministre d'Etat et secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), l'a évoquée lors d'un metting à Béjaïa, fief de Cevital.
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En réalité, cela montre l'état de déliquescence dans lequel se trouve l'Algérie. Djelloul Achour, directeur de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), n'aurait jamais osé s'opposer délibérément à un investissement aussi important s'il n'avait pas eu de soutien en haut lieu.
Bas les masques!
En effet, depuis plusieurs mois, une véritable cabale est organisée contre le premier investisseur privé algérien, classé par Forbes comme le Maghrébin le plus fortuné avec plus de 3 milliards de dollars. Amar Saâdani, ex-secrétaire général du Front de libération nationale, avait même laissé entendre que le clan Bouteflika lui en veut parce qu'il est soupçonné d'avoir des ambitions politiques. Pas plus tard que le 19 avril 2017, Abdelmalek Sellal, inaugurant les installations de la Grande raffinerie oranaise de sucre (GROS) appartenant aux frères Berrahal, a fait une déclaration sans équivoque.
Cette unité, d'une capacité de 1000 tonnes par jour, "allait mettre fin à la situation de monopole sur la commercialisation du sucre et allait contribuer à la baisse des prix". L'allusion au groupe Cevital d'Issab Rebrab est à peine voilée. Pourtant, Sellal était jusqu'ici officiellement en retrait par rapport aux persécutions que subit Rebrab. En réalité, ce sont surtout Abdesalam Bouchareb, très influent ministre de l'Industrie, et Hamid Grine, ministre de la Communication, qui ont jusqu'ici occupé les devants contre Rebrab. Visiblement, les masques tombent.