Lors de sa dernière mission en Algérie, le FMI avait recommandé «l’élargissement de l’assiette fiscale, la rationalisation des dépenses et le remplacement progressif des subventions énergétiques, en offrant un soutien direct aux plus démunis». Une recommandation maintes fois martelée par l’institution au cours de ces dernières années, mais jamais écoutée jusqu'ici.
Cette fois-ci, l’ampleur de la crise a atteint des proportions alarmantes, au point que le gouvernement algérien n’a plus de choix. En effet, sa marge de manœuvre a été réduite à néant par l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR) qui permettait d’acheter la paix sociale. Les réserves de ce fonds sont passées de 5.563 milliards de dinars algériens à presque néant actuellement, poussant le gouvernement à opter pour une politique d’austérité qui tend à freiner la croissance économique du pays.
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Face à cette situation, et devant les faibles effets de la loi de finances 2017, marquée par la hausse de certaines taxes (TVA) et la baisse des subventions sur un certain nombre de produits dont les hydrocarbures, avec à la clé une forte inflation, l’Algérie se prépare à restreindre les subventions, en démarrant par celles du secteur énergétique.
Ces multiples subventions étatiques (aliments de base, énergie, santé, éducation, etc.), décriées par les institutions financières internationales -Banque mondiale et Fonds monétaire international (FMI)- qui les jugent ”inefficaces, inéquitables et coûteuses”, pèsent annuellement plus du quart du PIB algérien.
Pour réduire cette facture, l’Algérie va s’appuyer sur la Banque mondiale pour l’élaboration d’un plan devant permettre une baisse des subventions énergétiques, qui représentent à elles seules un peu plus de 10% des subventions totales de l’Etat, avec un montant dépassant 60 milliards de dollars annuellement.
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Toutefois, la suspension des subventions se fera de manière progressive. Après le secteur énergétique, cette politique touchera les autres secteurs comme la santé, domaine où il faudra dire adieu à la gratuité des soins.
Seulement, afin d’éviter des troubles sociaux, le gouvernement compte introduire des transferts en espèces au profit des familles les plus nécessiteuses. Il prépare avec la Banque mondiale un système qui permet d’instaurer un ciblage des aides financières indirectes.
Cette nouvelle orientation devra permettre au gouvernement de réduire son déficit budgétaire et celui du compte courant, et consacrer une partie des montants affectés jusqu’à présents aux subventions à des investissements productifs et aux infrastructures de base.
Sauf que pour une population, où le taux de chômage est élevé et qui est habituée depuis plusieurs années aux subventions tous azimuts pour éviter toute contestation, la pilule sera difficile à faire passer.