C’était un secret de polichinelle qui a été largement ébruité par les réseaux sociaux avec le scandale de voitures Hyundai prétendues montées en Algérie, dans l'unité appartenant à l’oligarque Mahieddine Tahkout, mais auxquelles il ne manquait en réalité que les roues, ajoutées sur place.
Hélas, le cas n’est pas isolé. Le nouveau ministre de l’Industrie et des mines, Bedda Mahdjoub, n’a pas tardé à reconnaître que l’industrie automobile algérienne est un échec. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans une déclaration faite ce dimanche, il explique tout simplement qu’”il faut arrêter la production actuelle”. Plus explicite encore, il ajoute: ”nous devons mettre fin au mode de production actuel parce que la majorité des constructeurs n’a pas amélioré le taux d’intégration”.
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Conséquence, aucun des objectifs assignés à cette industrie automobile n’est atteint. Les prix des véhicules n’ont pas baissé, les créations d’emplois n’ont pas été au rendez-vous et le manque à gagner pour l’Etat à cause des avantages fiscaux a été très important.
Partant, il faut adopter une nouvelle orientation politique concernant le secteur. Et le nouveau ministre de l’Industrie et des mines donne les pistes pour développer une véritable industrie automobile. Selon Mahdjoub, ”il faut que tout le monde s’aligne sur la nouvelle politique du gouvernement qui vise la création de sociétés de sous-traitance”. Ainsi, cette nouvelle stratégie va-t-elle mettre l’accent sur la création de PME et de start-up dédiées au secteur automobile afin de constituer un véritable écosystème automobile à même d’assurer un taux d’intégration local élevé et de créer de la valeur ajoutée et des emplois en Algérie.
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Tous les acteurs du secteur automobile implantés en Algérie (Renault, Hyundai, Volkswagen, etc.) sont concernés. Et pour cause, si le taux d’intégration de l’unité de Mahieddine Tahkout était nul, celle-ci ne constitue pas un cas isolé. Toutes les unités de montage implantées en Algérie ne faisaient, en réalité, dans le meilleur des cas, qu’assembler des kits de voitures sans aucune valeur ajoutée locale.
Conséquence, la facture des importations algériennes, malgré la politique des quotas et de l'arrêt des importations n’a pas baissé. L’astuce ayant été jusqu'ici d’importer des voitures quasi montées ou en kits à assembler, contrairement au Maroc où les constructeurs implantés sont accompagnés par une myriade de fournisseurs locaux constituant un écosystème automobile.
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L’ancien gouvernement algérien se vantait pourtant d’avoir créé une véritable industrie automobile et avançait une production de 100.000 véhicules pour l’année en cours.
Ainsi, Tebboune n'est-il plus le seul à critiquer la politique suivie par son prédécesseur. Avec cette sortie, le nouveau ministre algérien de l’Industrie et des mines fait de même à l'encontre d'Abdeslam Bouchouareb.
Rappelons tout de même que l'ancien gouvernement avait reconnu au bout des lèvres l'échec que dénonce aujourd'hui Bedda Mahdjoub. Il avait d'ailleurs ajourné l'examen des nouveaux projets d'implantation automobile émanant des constructeurs Nissan, Suzuki et Kia.