De mémoire de cambiste clandestin algérois, jamais la devise européenne ne s'était vendue aussi cher. Pourtant selon le journal Liberté, l'euro est très proche de la barre des 200 dinars, ce qui est le résultat d'un déséquilibre qui s'accentue entre une offre limitée et une demande trop forte. Au square Port Saïd, il faut débourser quelque 198 dinars pour un euro.
Il y a un net décalage avec le cours officiel de la Banque centrale d'Algérie qui n'est que de 124,75 à l'achat et 124,77 à la vente. C'est dire qu'entre le marché noir et le marché officiel, il y a une différence de quelque 74 dinars. Il est rare de trouver pareille situation dans un pays relativement ouvert sur le plan financier.
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Cette situation s'explique par certains facteurs, notamment les règles du marché de change. Il y a d'abord la faiblesse de la provision touristique autorisée aux Algériens devant se rendre à l'étranger. Encore aujourd'hui, en 2017, un Algérien désirant se rendre en Europe ou à la Mecque ne peut changer que l'équivalent de 115 euros, contre 3700 euros pour un Marocain voulant se rendre à l'étranger. C'est carrément un encouragement à recourir au marché de change clandestin. Ensuite, plsu personne n'a confiance au dinar.
Les cambistes de rue l'ont compris et font prospérer leurs affaires au vu et au su des autorités. Ils s'approvisionnent auprès de touristes visitant l'Algérie, mais également des nombreux émigrés qui reviennent au pays pour les vacances. Mais, comme dans tout pays limitant l'accès au change de manière drastique, il existe le risque que des banquiers détournent des devises pour les vendre au marché noir. Beaucoup exploitent l'écart important entre le cours officiel et celui de l'informel qui a atteint 74 dinars pour un seul euro, ce qui représente plus de 59% de marge supplémentaire. Du coup, un banquier qui reçoit un million d'euros est assuré de faire une marge de 590.000 euros en collaborant avec quelques cambistes.
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Le contexte actuel fait que l'écart entre le marché de change officiel et le marché noir ne fait qu'augmenter. En effet, le nombre de devises rapportées par les émigrés algériens a sensiblement baissé depuis quelque temps. Même ceux qui font entrer des euros ou des dollars préfèrent les garder en attendant que le cours flambe encore.
En outre, la demande adressée au marché de change n'émane plus seulement des voyageurs classiques. S'y sont ajoutés les Algériens qui préfèrent thésauriser en euros plutôt que de détenir un dinar en baisse constante. Car, faut-il le rappeler, même le cours officiel recule progressivement depuis le début de l'année. En janvier dernier, il fallait juste 112 dinars pour un euro, soit 13 dinars de moins qu'actuellement.