Algérie: des remèdes périlleux pour faire face au déclin des champs pétroliers

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Le 28/09/2017 à 07h12, mis à jour le 28/09/2017 à 18h43

Revue de presseLa production pétrolière algérienne baisse sous le poids du déclin des champs pétroliers. Inquiet de la chute des recettes en devises, le management de Sonatrach recourt à un procédé visant à accroître la production de gaz via l’exportation des gaz associés. Une solution qui n’en est pas une.

Kiosque le360 Afrique.  En Algérie, la solution envisagée pour pallier l'incapacité de maintenir la production d'hydrocarbures est en train de virer au drame. Sauf miracle, dans les années à venir, le marasme qui s'installe confirmera malheureusement le vieil adage qui veut qu'"un malheur n'arrive jamais seul".

La Sonatrach (Société nationale de transformation et de commercialisation des hydrocarbures) a beau avancer l’année dernière un investissement de 73 milliards de dollars pour augmenter la production de 200 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2016 à 240 millions de TEP en 2020, la réalité est tout autre. L’AIE (Agence internationale de l’énergie) avait prédit le contraire en soulignant que la production devrait reculer de 1,14 million de barils/jour en 2016 à 1,05 million de barils/jour en 2022.

L’AIE a pour le moment raison. La production algérienne est sur une pente descendante sachant qu’elle était de 1,38 milliard de baril/jour en 2007, soit une chute de 21% sur la décennie 2007-2016.

En clair, la production algérienne de pétrole décline. Et ce déclin touche plusieurs gisements de Hassi-Berkine, Ouhoud, Hassi-R’mel, Adrar… Selon le site liberte-algerie.com,, «la production de pétrole est passée de 1,18 million de barils fin 2016 à moins de 1,086 million de barils, en deçà du quota actuel attribué à l’Algérie par l'OPEP. Pour le gaz, le déficit est de 50.000 mètres cubes/jour (environ 9 milliards de mètres cubes/an)». En clair, la baisse de production des hydrocarbures est telle que le pays n’arrive plus à atteindre le quota qui lui est réservé par l’OPEP.

Or, vu le niveau actuel des cours du baril de pétrole, une baisse de la production risque de conduire le pays à la catastrophe. En conséquence, il faut réagir. Et après avoir échoué à augmenter la production via des investissements dans de nouveaux gisements, les dirigeants de la Sonatrach ont préféré la facilité en utilisant des procédés jugés pourtant dangereux par les experts pour l’avenir de la production algérienne. «Nous allons, pour pallier cette baisse, augmenter les exportations de gaz en récupérant les gaz associés qui étaient réinjectés dans le gisement», a ainsi expliqué le PDG de Sonatrach. Une trouvaille «au nom d’une impérative augmentation des exportations de gaz pour augmenter les réserves en devises du pays quitte à provoquer une catastrophe dans deux, trois, voire cinq ans», soulignent les experts, selon le site d’information.

Les experts avancent que ce procédé pourrait avoir des conséquences néfastes pour la production pétrolière algérienne. Avec ce système, «nous allons, certes, augmenter à court terme les exportations de gaz mais nous allons «esquinter» les gisements de Hassi-Messaoud et de Rhourde El-Baguel. Le gaz associé est réinjecté pour maintenir la pression et donc pour maintenir la production. 

Si les réinjections de gaz sont réduites à des fins d’exportations, on risque à moyen terme de faire baisser la production». Or, dans l’état actuel du site de Hassi-Messaoud, le plus important gisement de production de pétrole en Algérie, il fallait davantage de réinjection de gaz pour accroître la production de pétrole et non en retirer pour accroitre les exportations de gaz, expliquent les experts.

Reste que pour le patron de Sonatrach, l’essentiel c’est l’immédiat et contribuer à amoindrir la chute des recettes des hydrocarbures, et tant pis pour le moyen et long termes.

En plus, et c’est très important, ce procédé permet de cacher les failles managériales et stratégiques des dirigeants de la Sonatrach. En effet, les responsables de la Sonatrach qui se sont succédé à la tête de cette importante institution ont jusqu’à présent échoué entrainant des retards dans la mise en service de nouveaux gisements au sud-ouest du pays devant permettre la production jusqu’à 20 milliards de mètres cubes/an de gaz. A cause du tarissement des ressources financières, sur les nombreux sites gaziers annoncés, seuls deux sites pourront prendre le relai dans l’immédiat. Pour les autres sites, il faudra encore attendre entre 2018 et 2021 et même plus.

Ces retards s’expliquent aussi, d’après le site algérien, par les nombreux changements au niveau du top management de Sonatrach. Et à chaque changement à la tête de ce groupe, tous les plans de développement sont revus à zéro avant de reprendre les voies d’approbation, la sélection des entreprises en charge de la réalisation des études et des travaux de développement. Ainsi, selon un ancien responsable de Sonatrach, cité par liberte-algerie.com, «approuver un plan de développement d’un gisement demande 1 mois en Norvège, un à deux ans en Algérie»!

Par Karim Zeidane
Le 28/09/2017 à 07h12, mis à jour le 28/09/2017 à 18h43