Décidément, le climat social algérien peine à s’apaiser. Après la grève des universités, les manifestations sur la réforme des retraites, les protestations contre les nouvelles taxes et la hausse de la Tva de la loi de finance 2017, voilà que les syndicats autonomes de l’éducation, de la santé, et plusieurs administrations appellent encore à une nouvelle journée de manifestation le 28 janvier prochain. Chaque fois que l’on pense que le gouvernement aura un petit moment de répit, la pression de la rue revient lui rappeler le ras-le-bol vis-à-vis de l’enrichissement de la classe dirigeante et du mauvais partage des richesses et la nécessité d’entamer des réformes en profondeur.
Cependant, comme l’écrivait le360 Afrique il y a quelques semaines, l’Algérie a du mal à se débarrasser du syndrome hollandais. Les conflits auxquels on assiste aujourd’hui ne sont qu’une manifestation de la dure réalité à laquelle le premier exportateur de gaz du continent doit faire face.
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En effet, toutes ces manifestations et ces conflits sociaux sont révélés et exacerbés par la crise que traverse le pays depuis la chute des cours du pétrole. Pris à la gorge et ayant épuisé son matelas financier, le gouvernement a été obligé d’introduire des mesures impopulaires telles la réduction des subventions, l’introduction de nouvelles taxes, la réforme des retraites, etc.
A présent que les prix du pétrole commencent à remonter à la faveur du dernier accord de l’Opep et des autres pays producteurs, l’on pourrait penser que le pays sortira définitivement de ses difficultés. C’est mal connaître les forces qui gouvernent ce fameux syndrome. En effet, dès que les caisses de l’Etat commenceront à se remplir, le gouvernement aura pour unique souci de satisfaire la demande sociale multiforme, ce qui aura pour conséquence d’annihiler l’impact des réformettes ainsi entreprises. Au cours des dernières années, c’est bien ce à quoi on a assisté.
A titre d’exemple, la masse salariale de la fonction publique algérienne dépasse les 40 milliards de dollars, depuis 2015. C’est parce qu’à plusieurs reprises, l’Etat algérien n’a pas pu résister à la pression des syndicats, comme c’est le cas actuellement. Ainsi, pour faire taire la grogne issue de la contamination du printemps arabe, le gouvernement a acheté la paix sociale. Entre 2009 et 2011, l’Algérie a augmenté le Smig de 50%, le faisait passer de 120 à 180 euros. De sorte qu’en 2011, le salaire moyen dans le secteur public avait déjà atteint 41.200 dinars, contre 29.400 dans le privé.
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En 2012, le Smig est allègrement passé de 15.000 à 18.000 dinars. En 2014, année d’élection présidentielle, on a procédé à un nouveau réarrangement et donc à une nouvelle hausse. Ainsi, le public passe-t-il à une moyenne de 52.700 dinars, selon l’Office national des statistiques (ONS), alors que le privé affiche un salaire moyen de 31.000 dinars.
Cette facilité à accéder aux exigences des syndicats et à calmer la rue par des cadeaux financiers est typique des pays producteurs pétrole. Pétrole qui constitue par excellence la matière première de l’argent facile. L’Algérie ne pourra pas y échapper, à moins de créer des secteurs économiques productifs capables de produire des richesses et donc de se substituer à un Etat paternaliste à l’excès. Or, ce n'est toujours pas le cas. Le seul bien d'exportation de l'Algérie après le pétrole n'est autre que la fameuse datte "Deglet nour". Ce qui fait que, les autres exportations algériennes représentent à peine 3 à 4% du total.