C’est un exercice que le Premier ministre algérien maîtrise à la perfection. Face à la grogne sociale qui monte de jour en jour, avec des grèves annoncées pour début 2017, il fallait prendre les devants. Il s'agit de minimiser autant que possible les effets de la crise économique, et surtout son impact social, à un moment où l’on parle d’une grève des commerçants de 5 jours, à partir du 2 janvier prochain.
A ce titre, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a servi aux Algériens un bilan économique avant l’heure, naturellement positif, se contredisant en reconnaissant que le pays traverse des moments extrêmement difficiles et que le gouvernement éprouve des difficultés à gérer la situation.
En effet, dans son intervention à la télévision, ce mercredi 28 décembre, Sellal affirme que tout va mieux pour l’économie algérienne.
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Ainsi, malgré une conjoncture défavorable, marquée par la chute du cours du baril de pétrole, représentant 95% des recettes d’exportation du pays, le produit intérieur brut (PIB) devrait croître de 3,5% à 17.494 milliards de dinars algériens en 2016, un niveau largement au-dessus de la moyenne du continent. Toutefois, il n’explique pas que cette augmentation, aussi vraie soit-elle, intervient dans un contexte d’inflation. En effet, de son aveu, l’inflation «maîtrisée» devrait tourner officiellement autour des 4% sur l’ensemble de l’année 2016. Pourtant, il ressort clairement que la croissance du PIB réel de l’Algérie est presque nulle (autour de 0,4%).
On sait en effet que l’économie algérienne a été impactée négativement par la baisse des cours du baril de pétrole et par la politique d’austérité entreprise par l’Etat pour faire face à la baisse des recettes tirées des exportations d’hydrocarbures; celle-ci s’étant matérialisée par un gel de plusieurs projets d’investissement.
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Toutefois, ce qui attire le plus l’attention, ce sont les perspectives de croissance et d’amélioration des recettes pétrolières qu’il a essayé de vendre aux Algériens.
Sellal semble être emporté par l’élan de la hausse des cours du baril de pétrole de ces derniers jours. Il table ainsi sur une forte croissance du PIB de l’ordre de 10,84% en 2017 à 19.390 milliards de dinars et 8,31% à 21.000 milliards de dinars en 2018. Des niveaux de croissance exceptionnels pour une économie trop dépendante du pétrole mais qui compte sur «la baraka des Chouhada».
Seulement, à ce jeu aussi, le gouvernement Sellal peut compter sur l’effet prix avec une inflation galopante qui viendrait ainsi masquer la réalité des chiffres et le dur quotidien des Algériens, obligés d’accepter des hausses de la TVA et des autres taxes dans le cadre de la loi de finances pour renflouer les caisses de l’Etat et atténuer le déficit budgétaire abyssal. Ce dernier devrait, selon certaines projections, dépasser les 20 milliards de dollars au titre de l’exercice 2016. Ainsi, d’après la loi de finances 2017, le prix de l’essence par exemple connaîtra une hausse de 50% dès début 2017.
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Par ailleurs, tablant sur une reprise du cours du baril du pétrole sur le marché international, Alger mise sur une forte croissance des recettes pétrolières avec +27,27% en 2017 et +28,57% en 2018 pour s’établir à respectivement 35 milliards de dollars et 45 milliards de dollars.
Bref, Sellal a fait sa sortie sans convaincre et surtout sans réellement répondre à la demande sociale qui couve. Peut-être qu’il essaye de sauver sa tête au moment où l’on parle avec insistance d’un remaniement ministériel.