Vidéo. Algérie: faute de touristes, les bureaux de change agréés ont tous fait faillite

VidéoCe matin du mardi 20 février, le vice-gouverneur de la Banque centrale d'Algérie était l'invité de la radio nationale algérienne. Il n'a convaincu personne sur les thèmes financiers essentiels du moment, mais il a fait de fracassantes révélations.

Le 20/02/2018 à 18h54, mis à jour le 20/02/2018 à 19h02

Pas convaincant sur la valeur du dinar, ni sur l'impact réel de la planche à billets, Djamel Belkacem révèle néanmoins que l'activité de bureaux de change est hautement risquée en Algérie, faute d'activité touristique.

Le vice-gouverneur de la Banque centrale d'Algérie est effectivement passé à côté concernant le dinar qui ne cesse de plonger et dont la valeur sur le marché noir est nettement inférieure au cours officiel. En effet, il affirme que le dinar n'a officiellement perdu que 16% de sa valeur en 2017, ce qui est en réalité dû à l'appréciation de la devise européenne vis-à-vis des autres monnaies, notamment chinoise, indienne, turque et donc algérienne. Sauf que ce qu'il ne dit pas, c'est que dans aucun de ces pays, on ne constate l'existence d'un marché noir aussi florissant qu'en Algérie.

Et l'écart entre le marché officiel et le marché noir devient abyssal, au point où faire du trafic de devise est devenu l'activité la plus florissante en Algérie. En effet, si officiellement il faut 113,76 dinars pour obtenir un euro auprès des banques, sur le marché noir il faudra débourser 208 dinars pour la même devise. Autant dire que les opérateurs économiques, notamment les rares exportateurs, préfèreront rapatrier clandestinement leurs devises pour s'enrichir sur le marché noir, plutôt que le donner à la banque centrale. Or, Belkacem ne pipe mot concernant cette situation, qui explique pourtant beaucoup de maux du marché monétaire algérien. Et ce n'est pas la seule imprécision du vice-gouverneur. 

En effet, il estime que le dinar n'est pas surévalué. S'il ne l'était pas, pourquoi il ne vaut rien sur le marché noir. Ce qui se passe actuellement en Algérie est comparable à l'Egypte d'avant le flottement de la livre en novembre 2016. Le dollar américain s'échangeait officiellement autour de 8 livres, contre 13 sur le marché noir. Et d'ès qu'on a laissé flotter la monnaie, le cours du marché noir s'est imposé sur le marché officiel, d'où la forte dépréciation à laquelle on avait assisté vers la fin 2016. C'est exactement ce qui se passerait si l'Algérie adoptait un régime flottant, confirmant effectivement que le cours officiel actuel est plus que surévalué. L'euro passerait alors du cours bridé de 113 dinars à celui réel de 208 dinars. 

Toujours selon Djamel Belkacem, la planche à billets est sans effet sur la valeur du dinar. Il faudrait sans doute qu'il retourne à ses cours de première année d'économie ou simplement qu'il jette un oeil dans l'histoire récente du Venezuela et du Zimbabwe, deux fidèles amis qui ont inspiré à l'Algérie cette politique. 

Enfin, dans toute son interview une seule révélation est avérée. En effet, il affirme vers la toute fin que les bureaux de changes ne marchent pas en Algérie faute d'activité touristique. Les 88 agents de change agréés par la banque centrale ont tous mis la clé sous le paillasson, les uns après les autres. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/02/2018 à 18h54, mis à jour le 20/02/2018 à 19h02