Le gouvernement d’Abdelmalek Sellal s'était engagé à maintenir les réserves en devises du pays au-dessus de la barre des 100 milliards de dollars à l’horizon 2019. L'engagement n'a pas tenu longtemps. Selon les données officielles distillées par le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, lors de la présentation des développements monétaires et financiers en 2016 et les tendances de l’année 2017, celles-ci sont tombées sous la barre des 100 milliards, à 97 milliards de dollars à fin 2017.
Ne file-t-on pas tout droit vers le marasme prédit par la Banque mondiale en 2016, qui soulignait que «l’Algérie sera appelée à vivre le vrai choc financier et économique en 2018, avec des réserves de change qui se situeront à 60 milliards de dollars»?
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Une prévision fortement contestée par le gouverneur de la Banque centrale algérienne, qui, tout en reconnaissant que la décrue de la réserve en devises va se poursuivre, estime que «le niveau des réserves à fin 2018 sera nettement supérieur à celui annoncé par la Banque mondiale, notamment en raison des effets de la consolidation budgétaire et de l’impact de celle-ci sur les comptes extérieurs».
Toutefois, au vu de la chute inexorable des réserves de change entre 2013 et 2017, on est en droit de craindre le pire scénario. En effet, selon les données officielles algériennes, les réserves de change du pays avaient atteint 194 milliards de dollars fin 2014, avant d’entamer une chute vertigineuse pour s’établir à 97 milliards de dollars fin 2017, soit une baisse de moitié en 4 ans et d’environ 25 milliards de dollars par an.
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Il faut rappeler que le niveau de ces réserves est fonction de plusieurs paramètres: recettes des exportations des hydrocarbures, qui constituent plus de 95% des ressources d’exportation algériennes et qui dépendent des cours du baril de pétrole, volume des importations facturées en devises et déficit de la balance des paiements.
Et ce qui concerne les importations, en 2017, malgré toutes les mesures prises par le gouvernement, comme les interdictions et les quotas d’importations, le pays n’a réalisé qu’une économie d’environ 1 milliard de dollars par rapport à la facture de 2016, pour une facture de 47 milliards de dollars.
Cette maigre performance montre que le gouvernement semble avoir atteint les limites de sa politique en matière de réduction de la facture des importations. Et la décision d’interdire l’importation d’environ 1.000 autres produits depuis janvier 2018 ne devrait pas non plus suffire à freiner l’érosion des réserves en devises.
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Partant, le gouverneur de la Banque d’Algérie tire la sonnette d’alarme. «Compte tenu des perspectives de maintien, à moyen terme, des prix des hydrocarbures proches de leurs niveaux actuels et du déficit encore élevé des comptes extérieurs, des efforts supplémentaires sont requis pour réduire l’absorption intérieure et augmenter l’offre domestique de biens pour assurer la viabilité, à moyen terme, de la balance des paiements et limiter l’érosion des réserves officielles de change», fait-il remarquer.
En clair, pour réduire la facture des importations, il faut au préalable diversifier l’économie algérienne, trop dépendante de l’extérieur pour sa consommation. Or, la diversification ne se décrète pas. Il faut un environnement attractif pour les investisseurs étrangers. Ce qui est loin d’être le cas, comme le démontrent les rapports qui classent tous l’Algérie parmi les pays où il ne fait pas bon entreprendre.
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La seule alternative immédiate pour Alger pourrait être d’augmenter le volume de ses exportations d’hydrocarbures pour compenser le niveau bas du cours du baril de pétrole. Seulement, à ce niveau aussi, outre le fait qu’elle ne peut pas dépasser le quotas fixés par l‘OPEP, le pays fait face au déclin de ses champs pétroliers qui limite sa marge d'accroissement de la production.
In fine, seule une évolution très favorable du cours du baril de pétrole peut stopper l’hémorragie des réserves en devises. C’est conscient de ce problème que le ministre des Finances algérien, Abderrahmane Raouia, a fait une sortie aux antipodes des déclarations des dirigeants du pays jusqu’à présent, visant certainement à préparer l’opinion publique algérienne, en annonçant un recours à l’endettement extérieur, au plus tard en 2019, et l’arrêt des subventions étatiques sur les produits de base à l’horizon 2020. Il faut dire qu’avec la chute des réserves, le pays est obligé de recourir à l’emprunt extérieur. Un sujet tabou dans un pays où le niveau des exécedents avait poussé le FMI à lui accorder un prêt de 5 milliards de dollars en 2012.