Présentée comme une panacée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, la recette de création de la monnaie via la planche à billets a été remise en cause par le Fonds monétaire international (FMI) dont une mission vient de boucler un long séjour à Alger.
En effet, le chef de la délégation du FMI, Jean-François Dauphin, chef du département Maghreb, Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a déconstruit les bienfaits attendus de la «trouvaille» présentée comme étant la recette miracle du Premier ministre algérien pour résoudre tous les maux de son pays.
Ouyahya considérait que la planche à billets était incontournable, représentant à ses yeux la seule solution à même de résorber le déficit budgétaire et de contribuer au financement de l’économie algérienne. Ce mécanisme a permis au gouvernement algérien de créer environ 2.200 milliards de dinars, soit 19 milliards de dollars en novembre 2017, pour faire face au déficit budgétaire, aux remboursements de la dette intérieure notamment à l'égard de la Sonatrach et de Sonelgaz, et de financer certains projets d'investissement. Seulement, «le financement monétaire est synonyme de source d’inflation, nous préconisons de ne pas l’utiliser», a expliqué le chef de la mission du FMI au Premier ministre de Bouteflika.
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Pourtant, le gouvernement algérien a toujours souligné que ce mécanisme de financement ne présentait aucun risque inflationniste, naviguant à contre-courant de toutes les théories économiques et sans tenir compte de l'exemple des économies vénézuélienne et zimbabwéenne qui ont fortement recouru à ce mécanisme de financement non conventionnel et en ont pâti.
Face à la baisse des recettes pétrolières et des réserves de change, le FMI recommande à Alger de recourir à l’endettement extérieur, au lieu de se cacher derrière les slogans de «perte de la souveraineté économique». Au contraire, soutient Jean-François Dauphin qui estime que le recours à l’endettement extérieur est une solution, à condition toutefois que les emprunts servent à financer «des projets structurants capables de générer de la croissance» et donc d'impacter positivement l’économie algérienne et la création d'emplois.
De même, le FMI critique la politique de limitation directe des importations appliquée par le gouvernement. Il a souligné que «ces mesures prises d’une manière quantitative et administrative sur les restrictions à l’importation sont souvent inefficaces. Elles sont source de distorsion de l’économie, de tensions inflationnistes et sont souvent contournées d’une manière ou d’une autre sur des marchés à l’intérieur du pays». Pour preuve de l'inefficacité de cette politique, malgré les quotas et les interdictions d'importation de milliers de produits en 2017, la facture des importations n'a baissé qu'environ 1 milliard de dollars pour s'établir à 42 milliards de dollars.
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Par ailleurs, le FMI souligne son accord avec le gouvernement algérien sur «la nécessité de diversifier l’économie, et de passer les relais de croissance au secteur privé pour assurer un ajustement de l’économie de manière douce».
Le responsable régional du FMI a surtout souligné la nécessité d’«assainir les finances publiques», d’«entreprendre des réformes structurelles pour développer le potentiel de croissance et lever les contraintes à l’investissement privé», «l’amélioration de l’environnement des affaires», la «transparence du gouvernement», le «développement du marché des capitaux», etc.
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Le FMI recommande aussi la suppression des subventions de l’énergie. Et pour cause, cette subvention est injuste. En effet, précise Jean-François Dauphin, «les subventions mises en place dans un objectif social sont profondément injustes. Cela veut dire que plus le citoyen est riche, plus il est bénéficiaire». Ainsi, «les 20% des ménages qui sont riches en Algérie consomment 6 fois plus de produits énergétiques que les 20% des ménages les plus pauvres».
Bref, il s’agit des mêmes remèdes recommandés aux différents gouvernements algériens qui se sont succédé au cours de ces dernières années pour sortir le pays de la crise, mais qui ont préféré continuer à adopter l’économie rentière, bien qu'elle ait montré ses limites.