Contrairement aux discours populistes et aux déclarations politiques, les institutions financières internationales sont unanimes à mettre en garde contre les dangers du financement du déficit budgétaire et de l’économie via la planche à billets, autrement dit en créant des dinars sans contrepartie de valeur.
Dernier en date, le rapport de la Banque mondiale sur le suivi de la situation économique du pays rappelle que «l’adoption d’une politique monétaire non conventionnelle allège les contraintes sur les finances publiques à court terme, mais donne de fausses indications sur la réorientation envisagée pour l’économie, qui vise à réduire la dépendance par rapport aux hydrocarbures, et sur le rôle de l’Etat».
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Pour rappel, les premiers tirages dévoilés dans le cadre du financement non conventionnel ont atteint plus de 2.200 milliards de dinars pour un seul mois, selon la Banque d’Algérie. S’ils ont donné l’illusion de constituer une solution en permettant de financer le déficit, de payer les salaires et la réalisation de certains projets, leurs effets inflationnistes sont palpables et leur impact positif sur la croissance est loin d’être une réalité.
L’institution estime que le déficit public a atteint 8,2% en 2017 et ne devrait pas connaître de baisse cette année. Au contraire, d’après la Banque mondiale, «le double déficit continuera de s’aggraver en 2018, et l’intention manifestée par les autorités de recourir au financement monétaire est très préoccupante». Ainsi, le déficit budgétaire devrait-il atteindre 11,4% du PIB en 2018. Seulement, sa persistance risque d’induire une forte création de monnaie.
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Ainsi, selon la Banque mondiale, «les importants déficits budgétaires et les déficits du compte des transactions courantes extérieures qui dépassent 10% continuent de réduire l’épargne budgétaire et les réserves».
Quant à l’inflation, elle devrait croître, dans le sillage du recours à la planche à billets. Ainsi, selon les projections de la Banque mondiale, l’inflation devrait s’établir à 7,5% cette année, avant de monter à 8,1% en 2019 et atteindre 9% en 2020. Pire, pour l’institution financière, les dérives hyper inflationnistes sont à craindre, surtout pour une économie qui repose structurellement sur le gaz et le pétrole.
Du côté de la croissance, l’institution prévoit une croissance de l’ordre de 3,5% en 2018. Toutefois, «l’intensification du mécontentement de la population suscité par le gel des dépenses publiques, l’alourdissement de la fiscalité et l’ampleur du chômage des jeunes risque fortement de compromettre les perspectives». D’ailleurs, la Banque mondiale se montre plus pessimiste encore au-delà de 2018 avec une prévision de croissance du PIB de l’ordre de 2,0% en 2019 et 1,3% en 2020.