Algérie: des produits de consommations bientôt soumis à des droits de douane allant jusqu’à 200%

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Le 20/07/2018 à 17h20, mis à jour le 22/07/2018 à 08h55

Le Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) qui touche certains produits importés entrera en vigueur en septembre, d’après le ministre algérien du Commerce. Une situation qui va renchérir davantage les prix de nombreux produits finis au grand dam des consommateurs.

En dépit du faible impact des mesures restrictives sur les importations, le gouvernement algérien persiste et poursuit sa politique visant à décourager toute forme d’importation, malgré le fait que la production locale ne suit pas.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la nouvelle taxe appelée Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS), initiée dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2018 et qui concerne les opérations d’importation de marchandises finies destinées à la consommation.

Ainsi, selon le ministre du Commerce, Saïd Djellab, l’entrée en vigueur de cette nouvelle taxe dont le taux variera entre 30 et 200% sera probablement effective à partir du 1er septembre prochain.

«Nous avons rencontré les représentants des filières agroalimentaires, plastique, céramique et aluminium. Nous allons rencontrer cette semaine les filières de l’électroménager, le papier et carton, ainsi que celle de la tomate industrielle, pour préparer la liste des produits qui seront soumis au DAPS avec la fourchette de taux qui seront proposés par les opérateurs. A partir de cela, la commission spécialisée va proposer des taux oscillant de 30% à 200%, selon la couverture du marché», a expliqué le ministre en marge d’une rencontre avec le Club des exportateurs de produits agricoles.

A travers ces droits de douane exorbitants, les autorités souhaitent éliminer les interdictions d’importation tout en mettant en place des taxes prohibitives qui découragent toute importation. Pour les autorités, ces droits de douane auront un double objectif: décourager les importations tout en contribuant à réduire la facture des importations, et générer des recettes douanières pour l’Etat.

Seulement, les mesures prises jusqu’à présent et allant dans le sens de réduire la facture des importations ont eu un faible impact. Ensuite, l’amélioration de la compétitivité des entreprises locales via des taxes allant jusqu’à 200% reste artificielle et pousse les entreprises à profiter de cette protection et de ne pas investir pour offrir des produits de qualité.

Enfin, avec le DAPS dans un marché où la production locale ne couvre pas de nombreux produits, sinon très partiellement, cette protection du marché intérieur va inéluctablement se traduire par un déficit d’approvisionnement du marché et une inflation des prix des produits concernés par cette nouvelle taxe.

Enfin, l’hypothétique implantation d’opérateurs étrangers qui n’auront plus accès au marché algérien reste à relativiser sachant que malgré les restrictions aux importations pratiquées durant ces dernières années, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon à cause notamment d’un environnement des affaires non favorable.

Bref, une fois de plus, cette mesure aura comme principale victime le consommateur algérien qui verra les prix des produits concernés croître de manière sensible sans que la qualité y soit.

Par Karim Zeidane
Le 20/07/2018 à 17h20, mis à jour le 22/07/2018 à 08h55