Même si les autorités algériennes ne l’avouent qu’a demi-mot, la politique de l’industrie automobile est pour le moment un véritable échec, surtout quand on sait que l’un des principaux objectifs a été la baisse de la facture des importations.
Toutefois, si la facture des importations de véhicules a chuté sous l’effet des interdictions d’importation, celle-ci a été tout simplement remplacée par les importations de kits automobiles sous formes de Completely knocked down (CKD) et Semi knocked down (SKD) destinés au montage automobile.
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La facture des importations de kits automobiles a explosé. Celle-ci, selon les données de la douane, après avoir atteint 706 millions de dollars au titre du premier semestre 2017, est passée à 1,32 milliard de dollars entre janvier et juin 2018, affichant ainsi un bond de 86,73% (+612 millions de dollars).
En tenant compte des véhicules importés (produits finis), la facture totale des importations (CKD, SKD et véhicules neufs) s’établit à 1,58 milliard de dollars durant les 6 premiers mois de l’année en cours, contre 974 millions de dollars à la même période de l’année dernière, soit une hausse de 62%.
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La facture enregistrée au titre des 6 mois de l’année en cours a même dépassé celle enregistrée durant toute l’année 2016 lorsqu’elle a atteint 1,35 milliard de dollars. A ce rythme d’augmentation très rapide de la facture des importations de kits automobiles, on se retrouvera avec une facture presque identique à celle d’avant la mise en place des quotas et les interdictions d’importation de véhicules. Ce qui rend caduque la politique suivie jusqu’à présent au niveau de l’industrie automobile. Une situation qui illustre le faible taux d’intégration du secteur à l’économie locale.
En effet, dans les meilleures unités automobiles algériennes, ce taux ne dépasse pas les 10%. Il est quasi nul dans de nombreuses unités comme c’est le cas de celles où on ne monte que des roues. Cette situation s’explique par l’absence d’un écosystème automobile avec un réseau de fournisseurs de pièces détachées et de composants, comme c’est le cas avec Renault Tanger Maroc où le taux d’intégration atteint actuellement 50%.
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Au-delà du niveau de la facture des importation de kits qui risque d’atteindre le niveau des importations de véhicules neufs d’avant le lancement de cette politique d’interdiction des importations d’automobiles, cette stratégie mal pensée s’est traduite par une explosion des ventes de véhicules d’occasion avec un impact sur le parc automobile et les risques environnementaux.
De même, la disparition de nombreux concessionnaires automobiles et leurs salariés n’a pas été compensée par des créations d’emplois au niveau des unités de montage automobile du fait que les kits à monter ne demandent pas le recrutement de nombreux salariés. D’où la très faible création d’emplois au niveau du secteur.
Enfin, les prix des véhicules «Made in Algérie» demeurent élevés comparativement aux véhicules neufs importés du même modèle, malgré les avantages fiscaux dont bénéficient les usines de montage. Ce qui est une aberration de plus de cette politique.