Décidemment, le secteur algérien de l’industrie automobile est loin de finir avec ses sempiternelles crises. Après celle des voitures importées auxquelles il ne manquait que des roues, le secteur est à nouveau au coeur d’une autre polémique.
Cette fois-ci, ce sont les prix des véhicules montés en Algérie qui posent problème. Ceux des véhicules neufs montés en Algérie sont tellement élevés que les Algériens ne pouvaient plus en acquérir de nouveaux, alors que l’Etat et les partenaires des grandes marques avaient annoncé en 2016 que les véhicules allaient être vendus jusqu’à 300 000 dinars algériens moins cher.
Pour se dédouaner de cette situation, les autorités n’ont pas trouvé mieux que de rendre publics les prix «sortie usine» des véhicules montés en Algérie. Et du coup, les Algériens on été choqué par le gap entre le prix «sortie usine» de ces véhicules et le prix proposé par les concessionnaires.
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Effet immédiat, dans tous les marchés de l’automobile (neuf et occasion), les prix des véhicules ont plongé. Des baisses ont été constatées sur toutes les marques. Les concessionnaires ont été obligés de faire des rabais sur les véhicules proposés, notamment sur certains modèles qui sont restés invendus. Des baisses allant de 40.000 jusqu'à 200 000 dinars ont été enregistrées. Une situation qui illustre l’arnaque des revendeurs algériens qui craignent désormais l’effondrement des prix après que l’Etat a publié les prix «sortie usine».
En effet, les autorités ont voulu, en publiant les prix de sortie usine, se dédouaner de l’échec de leur politique de production des véhicules à des tarifs compétitifs par rapport aux véhicules importés. Pour les autorités, le différentiel énorme entre le prix «sortie usine» et celui proposé au consommateur final s’explique uniquement par les marges importantes appliquées par les concessionnaires.
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Du coup, après s’être rendu compte que ce sont les concessionnaires qui les grugent, les consommateurs ont fini par recourir aux réseaux sociaux pour lancer des appels au boycott des véhicules «Made in bladi» qualifiés d’«arnaques». Et ces appels au boycott semblent avoir produit leur effet.
Reste que pour beaucoup d’observateurs, les concessionnaires ne sont pas les seuls responsables du niveau des prix des véhicules neufs. L’Etat peut encore orienter la baisse des prix grâce à une politique industrielle qui mettrait l’accent sur l’intégration locale et le développement d’un écosystème automobile autour des constructeurs implantés. Ce qui est loin d’être le cas actuellement.
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L’industrie s’est développée uniquement dans le but de monter des «kits» automobiles sans une véritable intégration. Du coup, le taux d’intégration est plus que négligeable avec parfois des véhicules importés totalement et auxquels il ne manquait que des roues à placer.
Cette situation pousse les opérateurs du secteur à procéder à des surfacturations avec à la clé des coûts de production artificiellement gonflés.
Conséquence de cette politique, les Algériens payent plus cher les voitures produites localement, contrairement aux promesses du gouvernement et ses partenaires industriels.