Alors que l'Etat algérien était l'un des moins endettés dans le monde, ses engagements domestiques sont en train d'exploser. En effet, la dette intérieure du Trésor algérien qui n'était que 8,8% du PIB en 2015, est passée en 2017 à 48% de la richesse annuelle produite par l'économie algérienne. C'est, en effet, la conclusion à laquelle arrive le Fonds monétaire international qui tire la sonnette d'alarme.
Ce ratio de la dette intégre la garantie apportée par l'Etat algérien aux crédits bancaires des entreprises publiques. En effet, l'encours de ces crédits a atteint 21% du PIB, qui viennent s'ajouter aux 28% calculés à la fin de l'année 2017. Par ailleurs, le FMI prend aussi en compte l'effet de l'actionnement de la planche à billets. Car sur un plan purement financier, cet argent injecté dans les caisses de l'Etat, est considéré comme une dette vis-à-vis de la Banque centrale. L'Etat algérien est censé la rembourser après la sortie de crise.
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A fin juin 2018, la Banque centrale a ainsi émis l'équivaleent de 20% du PIB algérien grâce à cette forme de création monétaire. Au total, il s'agit de 3 585 milliards de dinars, soit quelque 26 milliards d'euros ou 30 milliards de dollars. De toute évidence, ces chiffres sont susceptibles d'évoluer d'ici à la fin de l'année, au gré des cours du brut.
L'Algérie est tombée dans le piège de la dette à cause de l'évolution défavorable des cours du pétrole, à partir de 2014. Les cours, qui ont culminé entre 130 et 150 dollars quelques années plus tôt se sont mis à dégringoler pour osciller durant deux longues années entre 35 et 45 dollars. Or, l'Etat algérien dépend des recettes des hydrocarbures à hauteur de 60% du budget. Par conséquent, il est contraint d'augmenter de manière sensible l'endettement intérieur afin de financer le déficit budgétaire colossal qui a atteint 13,5% du PIB en 2016 et 8,8% en 2017.
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Il faut aussi dire que beaucoup d'entreprises publiques ont été touchées par la crise. Sonelgaz, par exemple, doit jusqu'à 1400 milliards de dinars aux banques, qu'il fallait soit racheter, soit garantir.
Ce qui est clair, c'est qu'avec le budget électoraliste de 2019, la situation n'est pas sur le point de changer. En effet, le projet de loi de finances 2019 ne prévoit aucune baisse significative des dépenses. Evidemment, les cours du pétrole qui se sont redressés offrent aujourd'hui une bouffée d'oxygène pour le gouvernement d'Ouyahia...