Si le gouvernement algérien a toujours refusé la «dévaluation» du dinar, il n’en demeure pas moins que la monnaie algérienne n’a cessé de se déprécier au cours de ces 5 dernières années par rapport aux principales devises. Ainsi, alors qu’il fallait 77,05 dinars algériens pour 1 dollar, il y a 5 ans, il en faut actuellement 119 dinars pour un seul dollar, soit une dépréciation de plus de moitié et une perte de valeur de 54,54% de la monnaie algérienne vis-à-vis du billet vert en 5 ans.
Par rapport à l’euro, la dépréciation est moins forte, mais demeure importante. Au niveau du marché officiel, il faut actuellement 135 dinars algériens pour 1 euro, contre 108 dinars pour 1 euro il y a 5 ans, soit une dépréciation de 25% par rapport à la monnaie unique européenne.
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C’est dire que le dinar s’est considérablement déprécié par rapport aux deux grandes devises étrangères qui constituent les principales devises de facturation des importations et des exportations algériennes. Une situation qui s’explique par la chute du cours du baril de pétrole qui a entraîné une crise financière aiguë, une baisse significative des réserves de change du pays, l’effondrement des fondamentaux de l’économie algérienne (déficit budgétaire, déficit du compte courant, inflation, etc.) et par ricochet une perte de confiance ayant impacté la monnaie locale qui n’a cessé depuis de perdre du terrain par rapport aux devises étrangères.
Cette situation impacte négativement sur les entreprises algériennes importatrices des biens d’équipements, des matières premières et des biens de consommation. Elle entraîne en effet une dépréciation du pouvoir d’achat des entreprises algériennes.
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Cette situation a des conséquences néfastes sur le développement du pays. Avec cette dépréciation, le coût de diversification s’alourdit du fait qu’il faut davantage de dinars pour importer les biens de l’étranger alors qu’il n’est pas aisé de répercuter cette hausse directement sur le consommateur final. Du coup, cet enchérissement du coût des importations induit une hausse du coût de production et donc impacte sur la compétitivité des entreprises algériennes qui dépendent de l’extérieur en biens d’équipements et matières premières.
Conséquence, de nombreux opérateurs algériens sont aujourd’hui en grande difficulté à cause des surcoûts qu’ils doivent supporter. A l’opposé, l’économie algérienne étant très peu diversifiée et faiblement exportatrice (97% des recettes d’exportations provenant des hydrocarbures et dérivés), cette dépréciation du dinar n’a presque aucun effet sur les exportations du pays.