Algérie: la Banque centrale communique d'inquiétants indicateurs

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Le 24/12/2018 à 16h13, mis à jour le 24/12/2018 à 16h15

Le gouverneur de la Banque d'Algérie a confirmé la situation délicate dans laquelle se trouvent les finances publiques, qui ne survivent que grâce à la planche à billets.

Ce dimanche 23 décembre, l'intervention du gouverneur de la Banque centrale d'Algérie devant le Parlement était très attendue. Il est venu confirmer la situation catastrophique dans laquelle se trouve une économie algérienne qui survit à coups de perfusions, notamment compte tenu de l'utilisation excessive d'une planche à billets, sans qu'aucune contre-mesure sérieuse n'ait été adoptée. 

D'abord, concernant le montant global de ce qui s'apparente de plus en plus à un dérapage économique, Mohamed Loukal a confirmé les 5200 milliards de dinars injectés dans la masse monétaire à travers le financement "non conventionnel" de l'économie algérienne, entre septembre 2017 et octobre 2018. Une telle somme représente un peu plus de l'équivalent du quart du Produit intérieur brut (PIB) du pays. Pire, il faut y ajouter 1600 milliards de dinars supplémentaires au profit du Trésor public algérien, dont le directeur avait imprudemment évoqué l'éventuelle fin de l'utilisation de ce mode de financement. C'est dire que l'on n'est plus très loin des 6800 milliards de dinars issus de cette fameuse planche à billets. 

Dans les mois à venir, il faut s'attendre à ce que la Banque d'Algérie soit encore sollicitée par le gouvernement pour plusieurs raisons. La première est liée à la chute des cours du pétrole qui ne fera qu'accentuer le déficit budgétaire. Car, depuis octobre dernier, les cours des hydrocarbures ont chuté de plus de 40%, passant de près 86 dollars à moins de 54 dollars. 

Une part importante des fonds issus de la planche à billets a servi à financer la dette de l'Etat vis-à-vis de la Sonatrach et de la Sonelgaz. Car la Sonatrach importe à perte des hydrocarbures raffinés, revendus à la pompe au tiers de leur prix coûtant. L'acquisition par la compagnie nationale algérienne de la raffinerie d'Augusta en Italie ne devrait régler le problème qu'à moitié. Puisqu'en réalité, le prix de vente imposé par le gouvernement ne couvre pas les frais de transport et de raffinage du pétrole issu des puits algériens. 

A cela s'ajoute, la lancinante question des retraites qui demandent annuellement entre 500 et 600 milliards de dinars de concours de l'Etat algérien pour continuer à rester à flots. 

Tous ces besoins mis bout à bout aboutissent à un déficit budgétaire de l'ordre de 13% du PIB algérien, couvert exclusivement par le financement non conventionnel 

Le problème qui se pose est que l'Algérie n'a engagé aucune réforme qui permet d'entrevoir une sortie de cette situation dans les prochaines années. Car l'utilisation de ce financement doit relever de l'exception, s'étendant sur une courte période et pour des montants limités. Or, rien dans le contexte pétrolier actuel ne prédit la fin de la crise qui a poussé le gouvernement algérien à y recourir. 

Si l'utilisation de ce financement non conventionnel se poursuit, la dépréciation du dinar atteindra des proportions désastreuses. Car les autres instruments de politiques monétaires ne pourront pas éviter l'inflation galopante issue de la planche à billets. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/12/2018 à 16h13, mis à jour le 24/12/2018 à 16h15