Algérie: 1,7 million d’emplois menacés, la Confédération algérienne du patronat tire la sonnette d’alarme

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Le 04/12/2019 à 06h16, mis à jour le 04/12/2019 à 16h58

La crise politique algérienne affecte durement l’économie du pays. En effet, des centaines de milliers d’emplois ont été perdus suite à la faillite de 50.000 entreprises. Mais le pire est à venir, selon la Confédération algérienne du patronat (CAP).

La crise politique touche de plein fouet l’économie algérienne. Certains secteurs sont aujourd’hui à l’agonie. C’est le cas particulièrement du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (BTPH).

Ainsi, depuis le début de la crise, ce sont 50.000 entreprises du secteur qui sont tombées en faillite avec à la clé des pertes de plusieurs milliers d’emplois. Selon la Confédération algérienne du patronat, 350.000 autres entreprises risquent aussi de déposer le bilan, si rien n’est fait pour arrêter l’hémorragie. D’ailleurs, de nombreuses entreprises, parmi celles encore en activité, ont procédé à des licenciements pour réduire leurs effectifs. Et donc leur masse salariale.

Et avec l’éventualité de faillites de nombre de ces entreprises n’est pas à écarter si la conjoncture n’évolue pas favorablement. Dans ce cas de figure, ce ne sont plus des dizaines de milliers d’emplois qui sont perdus, mais 1,7 million d’emplois qui sont menacés.

L’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) n’a cessé d’alerter les autorités algériennes, soulignant que le secteur traverse, depuis 2014, dans le sillage de la baisse des recettes pétrolières du pays consécutive à la chute du cours du baril de pétrole, une crise aiguë.

La situation du secteur s’explique par une conjonction de facteurs.

D’abord, il y a la crise financière et son corollaire de gel des projets structurants dans le cadre d’une politique d’austérité touchant particulièrement le secteur du Bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (BTPH). A ce titre, la situation ne va pas connaître d’embellie en 2020, sauf si le gouvernement en décide autrement. En effet, dans le cadre de la loi de finances 2020, le ministère de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire a gelé tous les grands projets initiés par son département.

Ensuite, il y a bien évidemment la cabale déclenchée contre les oligarques proches de l’ancien régime par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, se traduisant par les arrestations d’Ali Haddad, Tahkout, les frères Kouninef, etc. Sans leurs dirigeants, et avec les instructions données aux banques de ne pas accorder de financement à certaines entreprises appartenant à ces oligarques, la faillite de certaines d’entre elles était inévitable.

Par ailleurs, de nombreux marchés attribués à des sociétés appartenant aux oligarques leur ont été retirés, aggravant leur situation financière et précipitant les plus fragiles d’entre elles dans une crise profonde.

Enfin, la morosité de la conjoncture économique globale depuis de nombreuses années offre de faibles perspectives aux entreprises dont les commandes n’ont cessé de se rétrécir. Ainsi, l’industrie de fabrication des matériaux de construction accusait, à fin août dernier, une baisse de production comprise entre 70 et 80%, à cause de l’arrêt de nombreux chantiers.

Conséquence, de nombreuses entreprises ont fini par mettre la clé sous le paillasson, notamment dans le secteur gros employeur que constitue le BTPH.

Tant que la crise politique n'a pas trouvé une issue favorable, il est fort probable que la crise que traverse le secteur BTPH s’aggrave dans les mois à venir avec des licenciements massifs à même d’aggraver les tensions sociales.

Par Karim Zeidane
Le 04/12/2019 à 06h16, mis à jour le 04/12/2019 à 16h58