En février 2020, Abdelmadjid Tebboune lui-même dresssait un bilan inquiétant pour le système bancaire algérien. “En janvier dernier (janvier 2020), certains investisseurs (les oligarques entre les mains de la justice, ndlr) devaient un montant de 1216 milliards de dinars aux banques”, disait-il.
Un an plus tard, il n'est pas sûr que ces oligarques aient remboursé le moindre dinar aux banques. La plupart sont toujours en prison, certains ayant été condamnés à de lourdes peines ne sortiront pas avec 2024. Pendant ce temps, plusieurs de leurs entreprises, pratiquement laissées à l'abandon par le régime qui les avait laissées prospérer, sont condamnées à la faillite.
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Un an plus tard, le même problème de créances en souffrance se pose, mais concerne cette fois-ci les ménages. Selon le site d'information Algérie Part, le montant des créances accordé à la catégorie des salariés, des auto-employeurs et autres petits-commerçants est de l'ordre de 787,2 milliards de dinars, soit 5,92 milliards de dollars. En cause, des difficultés dans le secteur privé, mais également compte tenu de la hausse généralisée des prix.
La Banque d'Algérie s'est néanmoins gardée de donner des chiffres concernant l'ampleur réelle des créances en souffrance, mais tout porte à croire qu'elles ont atteint un niveau record. Les seules données disponibles concernent le manque de liquidité qui est un corollaire de ce phénomène d'insolvabilité des entreprises et des ménages.
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Concernant les difficultés des ménages à honorer leurs engagements, il y a lieu de noter qu'elles sont étroitement liées à la baisse des recettes des hydrocarbures, unique source de devises du pays et principal contributeur au budget de l'Etat algérien. Or, en 2020, les recettes du pétrole et du gaz ont baissé de 40% passant de 33 à 20 milliards de dollars environs. Le problème est donc sytémique. L'Etat algérien percevant moins d'argent, l'ensemble des agents économiques qui dépendent directement ou indirectement de lui sont forcément touchés. De plus, le pays ne pouvant plus importer des biens de première nécessité voit les prix des denrées augmenter à cause des pénuries de tous genres.
En tout cas, pour le moment, aucune solution ne se profile à l'horizon. La marge de manoeuvre des banques est néanmoins limitée, même si l'essentiel des crédits aux particuliers comme aux entreprises fait l'objet de garantie, allant de l'hypothèque à la simple caution.
Pour ce qui concerne les ménages, il est évidemment hors de question que le gouvernement illégitime d'Abdelmadjid Tebboune s'aventure à réveiller la colère populaire en autorisant des saisies de biens. Et, de toutes les manières, ces biens saisies ne pourront jamais trouver preneur puisque la crise est générale. Les éventuelles saisies auraient également une autre conséquence: l'effondrement du secteur de l'immobilier.
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Le constat est également valable pour les entreprises devenues insolvables. Si les banques les poussent à la faillite, qui sera en face pour acheter et avec quels moyens financiers? Presque personne au stade actuel. Il ne reste en somme qu'une seule et unique solution, attendre que les cours du pétrole remontent suffisamment au-delà de 70 dollars.