Algérie: les chiffres officiels confirment bien le déclin de la production pétrolière

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Le 28/04/2021 à 18h26, mis à jour le 28/04/2021 à 18h29

Les exportations algériennes ont littéralement plongé durant les deux premiers mois de l'année 2021, selon les données relayées par l'agence officielle Algérie Presse Service (PS). Une chute qui confirme la lourde tendance baissière et qui fait voler en éclat le mythe du pays pétrolier.

Chérif Belmihoub avait choqué les Algériens, quand en février dernier, en tant que ministre des Projections économiques, avait affirmé que "la situation économique actuelle du pays est si grave que l’Algérie pourrait cesser d’être un exportateur de brut d’ici les dix prochaines années". Des propos que s'était empressé de démentir son homologue en charge de l'Energie, Abdelmadjid Attar, qui n'a pas hésité à dire que de telles projections émanaient de "faux experts".

Pourtant, la dépêche de l'APS qui vient de tomber est une énième confirmation du déclin de la production pétrolière algérienne. Durant les deux premiers mois de l'année, l'Algérie n'a exporté que pour 4,3 milliards de dollars, dont 3,9 milliards d'hydrocarbures, contre 5,6 milliards sur la même période en 2020, dont 5,26 milliards d'hydrocarbures.

C'est dire que les exportations globales ont reculé 23,7%, alors que celles de pétrole et gaz, qui représentent 90,70% du total, ont chuté de 25,86% en janvier et février 2021, par rapport à ces deux mois en 2020.

Les autorités algériennes ont beau nier l'évidence, la triste réalité de la fin programmée de la manne pétrogazière refait surface.

On ne compte plus les rapports qui tirent la sonnette d'alarme sur ce fait et les dangers que cela représentent pour un pays dont l'unique source de revenus reste et demeure le pétrole. En mars 2017, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estimait que la production pétrolière algérienne alors de 1,14 million de barils/jour (mb/j) allait passer à 1,05 mb/j en 2022. C'est, malheureusement pour le pays d'Afrique du Nord, la lourde tendance depuis 2007, année au cours de laquelle elle avait atteint un pic de 1,38 mb/j.

En février dernier, pour démentir les prévisions de son homologue en charge des Projections économiques, le ministre du Pétrole ne s'était même pas rendu compte que les chiffres, qu'ils exposaient, montraient également la baisse de la production. Sans en préciser la période, il disait avec force détails que "l’Algérie a exporté 677.000 barils de pétrole brut par jour, 80.000 barils de condensats par jour et 180.000 barils de GPL par jour. En somme, le volume total exporté par l’Algérie est de 937.000 barils/jour". Ce niveau est bien sûr inférieur aux prévisions pessimistes que l'AIE formulait en 2017.

La Sonatrach, quant à elle, a pleine conscience que le phénomène est irréversible, bien qu'elle lutte pour en réduire la vitesse et donc retarder autant que possible l'année où plus aucune goutte de pétrole ne sera exportée. Cependant, elle manque cruellement de moyens financiers, car plus la manne pétrolière se tarit, plus elle a besoin d'investir, mais moins elle a d'argent pour le faire.

Ainsi, le plan d'investissement, qui dort toujours dans ses tiroirs depuis plusieurs années, est d'injecter quelque 73 milliards de dollars pour améliorer le rendement des champs existants, tout en essayant d'en découvrir de nouveaux, selon Liberté Algérie. Le niveau actuel de la production montre bien que ces solutions à l'emporte-pièces, prévues pour les sites de Hassi-Messaoud et de Rhourde El-Baguel, n'ont pas été mis en œuvre et si elles l'ont été, elles sont d'une consternante inefficacité.

Aujourd'hui, au moment où les autres pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se battent pour augmenter leurs quotas, la situation est telle que l'Algérie n'est plus en mesure d'atteindre ces mêmes quotas de production. En effet, alors que l'OPEP l'autorisait à produire jusqu'à 1,05 million de barils/jour, l'Algérie n'avait pas pu dépasser les 878.000 durant le mois de février, faute d'en avoir les capacités, selon le site d'information Reporters qui cite le rapport de l'OPEP.

De toute évidence, par ces temps de sévère crise économique devenue sociale, le régime algérien n'avait pas besoin d'une pareille nouvelle.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 28/04/2021 à 18h26, mis à jour le 28/04/2021 à 18h29