Moins d’un mois après que le chef du gouvernement algérien a annoncé un non-lieu de la justice algérienne pour vice de forme concernant l’ex-ministre de l’Energie (1999-2010) et ancien directeur de la Sonatrach, anciennement sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice algérienne, Chakib Khelil, qui avait jusqu’à présent fervent défenseur du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, semble retrouver sa langue et multiplie les interventions.
Et bizarrement, il ne se prive plus de critiquer ouvertement la politique du gouvernement de Ahmed Ouyahia qui le défend bec et ongles.
Ainsi, lors d’un entretien fleuve accordé à Dzaïr news, il explique clairement que les politiques suivies par le gouvernement ne sont pas productives et ne sont pas des solutions à une sortie de crise.
L’ancien ministre qui se considère comme une force de proposition, quand d’autres parlent d’un opposant dans la peau d’un présidentiable, a ainsi été très critique sur les mesures prises par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia pour sortir l’Algérie de la crise.
Lire aussi : Crise économique: le scénario du Venezuela guette-t-il l'Algérie?
D’abord, revenant sur la «planche à billets», la trouvaille d’Ahmed Ouyahia pour sortir l’Algérie d’une situation difficile, Chakib Khelil avance que le financement non conventionnel n’aura pas d’impacts économiques à même de sortir l’Algérie de la crise. Par contre, elle aura des répercussions négatives sur les couches fragiles.
Selon lui, «les couches sociales défavorisées vont payer le prix de l’impression des dinars». Une situation que l’algérien pauvre et moyen commence à ressentir. Avec la dépréciation continue du dinar et la hausse des prix, le pouvoir d’achat des ménages algériens continue de se dégrader au moment où les finances de l’Etat ne permettent plus d’acheter la paix sociale. Dernièrement, face à la dépréciation du dinar algérien, il a même, lors d’une conférence dans un institut public, plaidé pour une nouvelle monnaie pour luter contre le marché de l’informel.
Lire aussi : Algérie. Ouyahia: "sans la planche à billets, nous ne pourrions plus payer les salaires dès novembre"
Concernant les hydrocarbures, son domaine de prédilection pour avoir dirigé le ministère de l’Energie et surtout la puissante Sonatrach –Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures-, il a critiqué la révision de la loi sur les hydrocarbures, soulignant que l’Etat n’a pas opté pour un «choix idéal».
Par ailleurs, soutenant que l’investissement est la clé de voute de la sortie de crise en Algérie, Khelil a critiqué la règle de 51-49% qui limite la part d’un investisseur étranger dans le capital d’une société à 49%. Pour lui, cette règle, reconduite par le gouvernement Ouyahia, au nom de la souveraineté algérienne, malgré ses insuffisances et son obstacle à l’arrivée d’investisseurs étrangers dans certains secteurs clés, est «un obstacle à l’investissement».
Pour lui, sur le volet économique, ces politiques ne vont pas sortir l’Algérie de la crise, bien au contraire, elles vont l’y enfoncer.
Comme solution, il conseille de miser sur l’investissement, seul à même d’offrir aux centaines de milliers de jeunes diplômés des emplois et sortir l’Algérie de la léthargie qu’elle traverse depuis 4 ans.
Lire aussi : Algérie. Officiel: la dangereuse option de la planche à billets
A travers cette sortie, Khelil se démarque de l’échec de sortie de crise et se positionne comme une alternative face à l’échec des gouvernements qui se sont succédés au cours de ces dernières années.
Beaucoup d’observateurs voient dans cette nouvelle sortie de l’ami d’enfance du président Bouteflika, un positionnement clair pour le plus haut poste de l’Etat, ou à défaut un retour au sein du gouvernement à un poste clé. A l’heure où un remaniement est en l’air, selon divers observateurs, cette sortie ne passe pas inaperçue.