Le Premier ministre Ahmed Ouyahia voulait faire de l’ouverture des concessions agricoles aux étrangers un acte majeur de l’ouverture de l’économie algérienne. Il s'agissait aussi de répondre à l’échec des fermes-pilotes dans l’augmentation de la production agricole pour faire face à la sécurité alimentaire et doper les exportations agricoles du pays.
Ces fermes souffrent de problèmes de gestion, de ralentissement de la production et de désinvestissement. Du coup, le Partenariat public-privé est jugé comme la panacée pour sortir ces fermes de leur léthargie et en faire des exploitations modernes avec des cultures intensives à même de contribuer à l’augmentation sensible de la production agricole du pays.
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C’est dans cette optique que la Loi de finances complémentaire 2018 prévoyait dans son chapitre 3, relatif au réaménagement du régime de la concession des terres agricoles, la consécration du droit de concession des terres agricoles aux étrangers voulant investir en Algérie.
Cette loi ciblait notamment les 169 fermes-pilotes totalisant 146.000 ha, dont 125.000 hectares de terres agricoles utiles, qui n’ont pas réalisé les résultats escomptés et qui sont en difficulté. Mais au-delà, cette loi ouvrait la voie aux investisseurs étrangers pour l’exploitation de 3 millions d’hectares de terres agricoles non exploitées dans le but d’accroître la production agricole du pays et de réduire la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.
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Seulement, cette décision du Premier ministre n’a pas reçu l’aval du président Bouteflika. Du coup, ce dernier a carrément désavoué son Premier ministre en s’opposant à l’ouverture des concessions agricoles au profit des étrangers.
Partant, l’article relatif à ce projet a été tout simplement retiré du projet de Loi de finances complémentaire, présenté le jeudi 17 mai courant. Le fait que le président désavoue ainsi son Premier ministre illustre bien les querelles qui ont lieu au sommet de l’Etat entre les deux partis politiques qui dirigent le pays à quelques mois des élections présidentielles prévues en 2019 et pour lesquelles le FLN pousse le président Bouteflika à se représenter pour un 5e mandat au moment où son principal soutien, le Rassemblement national démocratique (RND) d’Ahmed Ouyahia fait pour le moment profil bas. Il y a quelques mois, Bouteflika avait aussi désavoué son Premier ministre qui avait annoncé un programme de privatisation des entreprises publiques.