La diffusion de la vidéo de la journaliste Layla Haddad, tournée au sein du Parlement européen, continue de susciter de vives réactions en Algérie et la colère des autorités. Il faut dire qu’en 4 minutes, la journaliste a dépeint les 19 ans de règne du président Abdelaziz Bouteflika de façon lapidaire. Jugeant que la journaliste a attenté aux symboles de l’Etat algérien, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de l’Union européenne à Alger.
Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, «Le haut responsable algérien a, à cette occasion, relevé avec indignation et réprobation que l’enregistrement de la dénommée Mme Lefèvre née Haddad, ressortissante belge d’origine algérienne, a été réalisé dans des installations officielles du Parlement européen utilisant ainsi et détournant abusivement des symboles de l’Union européenne pour porter gravement atteinte à l’honneur et à la dignité des institutions de la République algérienne».
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En conséquence, poursuit le communiqué, le gouvernement algérien exprime «le vœu que l’Union européenne se démarque publiquement de cette manœuvre et demande que des actions concrètes soient prises contre les agissements irresponsables de la contrevenante».
La réaction algérienne s’explique par les vérités assenées par la journaliste aux dirigeants algériens, notamment aux barons qui l’entourent.
Pour rappel, dans la vidéo qui a été postée jeudi sur les réseaux sociaux, la journaliste, ex-correspondante de l’ENTV, s’est adressée au président Abdelazizi Bouteflika à partir du siège du Parlement européen, dénonçant les «barons du régime dont fait partie votre propre frère», avant d’ajouter «vous êtes devenu, M. Bouteflika, à votre insu un objet» entre les mains «de votre frère cadet».
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Elle a aussi demandé au président algérien de cesser ses apparitions à la télévision et mettre fin à cette «image indigne» et a dénoncé l’usurpation de la fonction présidentielle par le frère cadet du chef de l’Etat.
Et pour le clin d’œil aux adeptes du 5e mandat, Layla Haddad soulignait que «19 ans au pouvoir usent le cerveau et les sabots du mouflon le plus agile. N’est-il pas plus que temps de tracer un trait sur votre parcours», demandait-elle.
Cette attaque frontale intervient alors que le FLN, le parti auquel appartient le président algérien, sollicite un 5e mandat pour le président Bouteflika. Une sollicitation qui a poussé le président algérien à faire deux sorties de précampagne très commentées à Alger.