Algérie. Choléra: le ministère de la Santé confondu dans sa propagande

DR

Le 01/09/2018 à 11h32, mis à jour le 01/09/2018 à 12h18

Tout le monde contredit tout le monde concernant l'épidémie de choléra. Une fois de plus, la communication du ministère de la Santé est plus proche de la propagande que de l'information sanitaire.

Plusieurs zones d'ombres persistent dans l'épidémie de choléra. Le ministère de la Santé et l'Institut Pasteur d'Algérie se contredisent sans cesse, alors même qu'ils sont dans la commission d'enquête sur la maladie. De même, des cadres du secteur de la santé démontent en règle la propagande du ministère. 

Ainsi, l'Institut Pasteur n'a pas hésité à contredire le ministère de la Santé qui avait innocenté à la fois l'eau potable et les fruits et légumes. Dans leur bulletin d'information, ses laboratins sont catégoriques: "la contamination de fruits (pastèque, melon non lavés) ou légumes pouvant être consommés crus (carotte, concombre, salade, tomate, betterave), irrigués par une eau polluée par les matières fécales est également suspectée », peut-on lire dans le bulletin de l’IPA". 

Alors que le ministère de la Santé avait une autre analyse de la situation. En effet, il rassurait " les citoyens sur la qualité des fruits et légumes produits en Algérie, qui sont indemnes". Allant jusqu'à ajouter que "l’eau d’irrigation absorbée par les plantes ne représente pas de danger pour les productions agricoles". 

De toute évidence, le ministère était plus préoccupé par les conséquences économiques de ses mises en garde que par la santé des Algériens. En effet, des agriculteurs ont été bel et bien pris la main dans le sac, alors qu'ils irriguaient leurs champs de légumes avec des eaux des égouts. 

L'Institut Pasteur d'Algérie n'est pas le seul à apporter un démenti à la communication tarabiscotée des autorités sanitaires de l'administration territoriale. En effet, alors que le ministère avait identifié la source de la localité de Ahmer El Aïn comme l'origine principale de la maladie, les responsables locaux n'ont pas hésité à apporter un démenti formel. Sur une chaîne de télévision privée, le directeur de la Santé de Tipaza a affirmé qu'aucun lien n'avait été établi entre les germes ayant infecté les victimes et les bactéries présentes dans ladite source d'eau. 

Enfin, le ministère de la Santé établit un bilan édulcoré concernant l'épidémie. Tous ses bulletins affirment que le nombre de décès est de deux personnes. Mais, les faits disent le contraire. Car, avant que l'épidémie ne soit officiellement reconnue comme telle, une maladie mystérieuse apparue à Aïn Bessam avait déjà tué deux personnes dans une famille où plusieurs membres étaient tombés malades. Ils avaient alors les mêmes symptômes: diarrhées, vomissements, voire insuffisance rénale. Certaines sources ont même affirmé que quatre personnes étaient décédées, dont trois appartenaient à la même famille. 

A ce jour, c'est le black-out total sur cette mystérieuse maladie. Néanmoins, des autorités locales ont laissé entendre que le patient Zéro, le premier à être infecté par le vibrion cholérique, est à chercher parmi ces premiers malades. Mais tout ceci mis bout à bout montre que le nombre de personnes ayant perdu la vie est au moins de 5. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 01/09/2018 à 11h32, mis à jour le 01/09/2018 à 12h18