Diplomatie: Après Paris, Alger se brouille avec Genève

Général Khaled Nezzar, 81 ans.

Général Khaled Nezzar, 81 ans. . DR

Le 07/11/2018 à 09h51, mis à jour le 07/11/2018 à 10h07

L'Algérie reproche à la Suisse de ré-ouvrir un dossier de poursuite contre un officier supérieur, pour des faits remontant aux années noires. Elle menace de réduire ses relations diplomatiques avec la Confédération helvétique.

Sur le plan diplomatique, l'Algérie ne rate jamais une occasion de montrer sa susceptibilité. Après Paris, Genève en fait ainsi à présent l'expérience. En effet, Alger reproche à Genève, ou plutôt à la justice Suisse, d'avoir rouvert le dossier d'accusation à l'encontre du général Khaled Nezzar.

Ainsi, selon la presse locale, les relations diplomatiques algériennes avec la Suisse seront réduites à leur niveau le plus bas. Pour l'heure, Alger montre ses muscles sans plus: pas de rappel de son ambassadeur, pas même de réduction du personnel diplomatique basé à Genève. C'est peut-être sur le plan économique qu'elle compte agir pour faire plier les Helvètes.

En juin dernier, le Tribunal pénal fédéral suisse (TPF) avait décidé de réactiver les poursuites contre Khaled Nezzar, qui faisait l'objet de trois plaintes déposée par une ONG Suisse et par deux de ses victimes, durant la décennie noire.

Le général avait même fait l'objet d'une interpellation en octobre 2011 et avait été gardé à vue pendant 36h. Alger pensait que les déboires de Khaled Nezzar étaient terminées en janvier 2017, quand le Tribunal pénal de la Confédération avait décidé de clôre l'instruction tout en refusant de qualifier la situation de la décennie noire des années 1990 de "conflit armé non international". 

C'est donc à cette période de répit qu'a mis fin le TPF, en annulant l'ordonnance de classement et surtout en déclarant que l'Algérie était bien en situation de conflit interne. Pire, il estime que le Général Khaled Nezzar «était conscient des crimes massifs commis sous ses ordres».

Selon la presse helvétique, citant une note du Parquet, lors d'une réunion avec le ministère public fédéral tenue en mars 2016, Muriel Berset Kohen, l'Ambassadeur suisse à Alger avait qualifié l'affaire de "bombe à retardement" dans les relations entre les deux pays, "un handicap que la Suisse aurait à gérer dans ses relations diplomatiques". 

Dans ce même document, elle affirmait que: "l’affaire du Général Nezzar est très sensible politiquement". Et d'ajouter que :"le Général Nezzar incarne le choix fait par l’Algérie de lutter contre les terroristes pendant les années noires (…) Ce choix a été fait par le pouvoir qui est toujours en place actuellement, ainsi, tant que ce pouvoir est en place, il n’y aura pas de changement de paradigme à ce niveau-là". 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 07/11/2018 à 09h51, mis à jour le 07/11/2018 à 10h07