Algérie. Syriens expulsés: Alger évoque des "terroristes" parmi eux et crie au "complot de puissances régionales"

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Le 04/01/2019 à 14h18

Alger vient d'en remettre une couche pour expliquer sa décision d'expulsion de migrants syriens vers le Niger. Selon le ministère de l’Intérieur, les Syriens expulsés seraient des djihadistes venus d’Alep. Les autorités évoquent même un "complot de puissances régionales". Une polémique est née.

Alger tient mordicus à assimiler les migrants syriens (une minorité parmi eux sont Palestiniens et d'autres, Yéménites) expulsés de son territoire vers le Niger à des terroristes. Ainsi, après la vague d’indignations provoquée par ces brutales expulsions, Alger a répondu en soulignant qu’elle n’a fait qu’éloigner un danger de son territoire en expulsant ce qu'elle a qualifié de "terroristes".

Ainsi, selon le ministère de l’Intérieur algérien, ces migrants sont en fait des terroristes, qui ont essayé de s’infiltrer sur le territoire algérien. Ce sont "des djihadistes venus de la ville d’Alep», a souligné Hassan Kacimi, responsable en charge de la migration au ministère algérien de l’Intérieur, expliquant qu’il s’agit de «djihadistes, membres de l’Armée syrienne libre et [de] dissidents de l’Armée syrienne régulière. Ils sont sous les ordres de djihadistes de Daech et d’autres factions terroristes".

"C’est un sujet sensible et nous ne pouvons pas affirmer cela sans preuves", s’explique t-il, pour justifier davantage les incriminations d’Alger face à l’indignation des ONG de protection des migrants.

Pour preuve, il avance le parcours détourné de ces migrants, qui sont passés par le Mali, le Niger et la Mauritanie avant de rejoindre l’Algérie.

Mais Alger est soupçonnée de maltraitance de ces «personnes vulnérables». En effet, selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), certaines de ces personnes expulsées, soit une vingtaine, sont connues de cette institution comme étant des «refugiés» fuyant les persécutions et ayant demandé la protection internationale de l’Algérie.

Il est également difficile de qualifier des femmes enceintes et des enfants de "terroristes". Sur ce point, le ministère algérien de l’Intérieur souligne que la présence de femmes et d'enfants ne serait, en fait, que ruse pour tromper la vigilance des autorités algériennes qui se disent "vigilantes" suite aux débâcles des groupes terroristes en Syrie.

Face à cette situation et au tollé provoqué par ces expulsions, Alger a choisi la fuite en avant et incrimine désormais "des puissances régionales" impliquées dans un "complot", sans toutefois aller jusqu'à nommer ces "puissances". S’agit-il de voisins africains? Ou européens? Nul ne le sait. 

Alger a donc brutalement expulsé de son territoire, entre les 25 et 26 décembre derniers, une cinquantaine de migrants clandestins, en majorité Syriens, mais aussi Palestiniens et Yéménites, vers le Niger. Cette décision n’est pas sans rappeler l’épisode des syriens bloqués à la frontière entre l’Algérie et le Maroc en 2017, avant que le royaume ne décide de les accueillir pour des raisons humanitaires et à titre exceptionnel. Il s'agissait là d'un groupe composé de 13 familles syriennes... 

Par Karim Zeidane
Le 04/01/2019 à 14h18