Algérie: Carnegie Endowment for international peace prédit d'énormes troubles sociaux en 2019

William Burns, président de Carnegie Endowment for international peace -Fondation Carnegie pour la paix internationale.

William Burns, président de Carnegie Endowment for international peace -Fondation Carnegie pour la paix internationale. . DR

Le 14/01/2019 à 16h02, mis à jour le 14/01/2019 à 16h08

L’institut Carnegie Endowment for international Peace –Fondation Carnegie pour la paix internationale- que préside l’ancien responsable américain du Service extérieur, William Burns, prévoit une année 2019 agitée en Algérie. Explications.

Plusieurs experts, cabinets et médias réputés prévoient une année 2019 agitée pour l’Algérie en 2019. Le dernier en date n'est autre que le célèbre cabinet américain Carnegie Endowment for international Peace. Un think tank actuellement présidé par William Joseph Burns, ancien agent américain du Service extérieur.

Selon cette institution, 2019 sera marquée par une nouvelle phase d’agitation sociale en Algérie. Celle-ci serait le résultat de plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, «la gravité de la crise financière à laquelle le gouvernement est confronté depuis 2016».

En effet, depuis la chute brutale des cours du baril de pétrole en 2014, l’Algérie doit faire face à une crise financière aiguë, qui se traduit par l’épuisement de son fonds souverain, qui avait permis au gouvernement, par le passé, d’acheter la paix sociale.

La chute des réserves en devises de plus de moitié en 4 ans en Algérie se traduit par une baisse drastique: de 194 milliards de dollars en 2015, ses fonds sont aujourd'hui évalués à moins de 82 milliards à fin 2018.

Cette situation contraint le gouvernement algérien à entreprendre le gel de ses programmes d’investissements, de rehausser certaines taxes, de revoir certaines subventions et, surtout, d'augmenter les prix de certains produits, mais en maintenant les salaires à leur niveau actuel, ce qui entraîne, par conséquence une baisse notable du pouvoir d'achat des Algériens.

De plus, le gel de certains programmes d'investissement a augmenté le nombre de chômeurs et, par ricochet, les frustations sociales, indique le cabinet Carnegie. 

En conséquence, après les multiples grèves déjà enregistrées en 2018, notamment de la part des médecins et des enseignants, on note une certaine ébullition sociale dans le pays, avec, notamment, de multiples menaces de grèves touchant divers secteurs: non seulement les enseignants et les médecins, mais aussi, et entre autres, le secteur aérien. A cela, s’ajouteront sans doute les manifestations de chômeurs dans les régions délaissés par le régime.

Ainsi, le cabinet américain estime que l’année 2019 sera marquée par la montée des contestations sociales, qui ont déjà émaillé l'année 2018, «en réaction à l’incapacité du gouvernement à assurer des services de base, tels que l’eau potable, l’assainissement et les soins dans les établissements publics».

On entrevoit déjà, du reste, les prémisses de ces manifestations, avec plusieurs menaces de mouvements de grèves, notamment auprès des imams, des enseignants, des médecins, et de bien d'autres corporations. 

Concernant l’élection présidentielle d’avril prochain, Carnegie souligne qu'alors que «le pays se prépare à une élection présidentielle, [il] semble pourtant bloqué dans un état de transition perpétuelle. Cette dernière est aggravée par une crise économique profonde et une colère sociale croissante, qui conduit à une déconnexion entre la population et les dirigeants. Il y a une possibilité de troubles sociaux».

En effet, à moins de 3 mois de cette échéance cruciale, l’incertitude prédomine en Algérie. La candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika, pour un 5e mandat, le report de l’élection présidentielle et la réforme constitutionnelle, sont autant d’équations agitées par les cercles du pouvoir qui déroutent plus d’un spécialiste.

En outre, à l’instar des autres pays du Maghreb et du Sahel, l’Algérie sera elle aussi confrontée à un problème sécuritaire consécutif au retour des jihadistes de l’Etat islamique de Syrie et d'Irak. Leur réintégration posera problème, surtout en Algérie où les groupuscules extrémistes sont restés toujours actifs et les connexions entre les jihadistes de retour du Moyen-Orient et ceux qui déjà actifs en Algérie et au Sahel risquent de poser de sérieux problèmes sécuritaires.

Partant, selon le think tank américain, la confusion prédominera en Algérie. Et, selon le cabinet Carnegie, la situation politique d'ores et déjà tendue «est exacerbée par une crise économique profonde et une colère sociale croissante, entrainant une rupture entre le peuple et les dirigeants. D’où le risque de troubles sociaux».

Par Karim Zeidane
Le 14/01/2019 à 16h02, mis à jour le 14/01/2019 à 16h08