La candidature d'Ali Ghediri est visiblement un piège pour l'entourage de Bouteflika. En effet, en tant que candidat à la présidentielle, il est tenu de battre campagne comme le veut la tradition républicaine. Cela signifie qu'il devra se montrer très critique vis-à-vis du régime de Bouteflika, mettant le doigt sur les dysfonctionnements de l'Etat ou appelant les institutions de la république algérienne à s'assumer pleinement, y compris l'armée.
Or, c'est justement là la raison de la grosse colère qu'avait piquée Ahmed Gaid Salah, il y a trois semaines, à la suite d’une série de sorties du général Ali Ghediri. Ce dernier, n'ayant pas la langue dans la poche, avait notamment affirmé que le véritable gardien de la constitution algérienne était Gaid Salah, chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, et non plus Abdel Aziz Bouteflika, compte tenu de l'infirmité de ce dernier. Il avait également critiqué les proches de Bouteflika, dont l'unique but est d'accaparer le pouvoir en prolongeant autant que possible son mandat actuel, ou en lui en octroyant un cinquième.
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Gaid Salah s'était alors senti interpellé, mais a voulu rester fidèle à la posture d'un chef des armées, détaché de la chose politique. C'est ce qui l'avait poussé à fustiger le discours du général à la retraite.
Selon une revue proche de l'armée, l'entourage de Bouteflika lui-même est très agacé par la démarche d’Ali Ghediri. En effet, ce premier cercle du pouvoir politique algérien subirait d'énormes pressions de personnes influentes pour laisser passer la candidature de ce trublion de l'armée. Les proches de Bouteflika étaient tentés de l'invalider ou, tout du moins, de lui mettre les bâtons dans les roues, notamment pendant la redoutable épreuve de collecte des 60.000 signatures d'Algériens nécessaires pour parrainer un candidat.
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Quoi qu'il en soit, les caciques du régime appréhendent beaucoup ce qui risque de se produire avec cet élément incontrôlable, mais non moins pertinent. Ghediri a prévu de faire sa première sortie ce dimanche, ce qui risque de donner quelques heures d'insomnie à ceux qui souhaitent conserver le pouvoir sans affronter l'épreuve des urnes et du débat électoral.