«Pour ce qui me concerne, soucieux de préserver la cohésion et surtout la pérennité de notre organisation, et en total conformité avec mes convictions, j’ai décidé, en mon âme et conscience, et sans contrainte, de quitter la présidence du Forum des chefs d’entreprises à compter de ce jour». Dixit Ali Haddad, président du patronat algérien, dans une lettre adressée aux membres du FCE.
La démission attendue d’Ali Haddad est ainsi actée. Il devient à ce titre le premier soutien fort du président Abdelaziz Bouteflika à démissionner, sachant que l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, lui, a été démis de ses fonctions.
Il faut dire qu’Ali Haddad n’avait pas de choix. Le FCE est traversé par des divisions profondes depuis le début des manifestations. Beaucoup de patrons de groupes algériens se sont opposés au soutien du FCE à un 5e mandat du président Bouteflika. Haddad, lui, non seulement y était favorable, mais figurait même au sein de la Direction de campagne du candidat-président Bouteflika.
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La diffusion d’une conversation téléphonique entre lui et Abdelmalek Sellal, alors désigné directeur de campagne du président, faisant état de la nécessité de recourir à la force vis-à-vis des manifestants, avait écoeuré de nombreux membres du FCE. Certains d’entre eux avaient gelé leur participation à cette organisation. C’est le cas de Laid Benamor (vice-président du FCE), Arezki Aberkane de Sogemetal, Hassan Khelifati du groupe Alliances Assurances, etc. Certains de ces dirigeants n’ont pas manqué de rejoindre les manifestants contre le 5e mandat et le report de la présidentielle.
Face à la saignée occasionnée par le soutien de Haddad au clan Bouteflika, les patrons algériens lui avaient laissé un choix cornélien: soit démissionner avec les membres de son bureau, soit l’humilier en démissionnant collectivement de l’organisation patronale.
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Il a finalement choisi de quitter son poste de président du FCE qu’il dirige depuis 2014. Considéré, à juste titre, comme un très proche du clan Bouteflika, Ali Haddad, contrairement à d’autres soutiens du président qui ont retourné leur veste en voyant le vent tourner, à l’image d’Ahmed Ouyahia, du général-major Gaïd Salah et Sidi Said de l’UGTA, a toujours maintenu son soutien au clan Bouteflika.
Une réunion du Conseil exécutif du FCE devrait se tenir le samedi 30 mars pour annoncer une assemblée générale extraordinaire qui élira son successeur.