C'est en des termes on ne peut plus durs que le général Ahmed Gaïd Salah s'est attaqué à l'entourage de Bouteflika. Sans nommer Saïd Bouteflika, le frère du président, on devine que cette diatribe lui est destinée. Il s'est exprimé au terme d'une réunion élargie de l'armée, et où étaient présents ses plus hauts gradés. Une manière pour lui de s'assurer de l'accord et l'adhésion de l'ensemble de l'Armée nationale populaire à sa proposition.
Après avoir serré les rangs de son armée, Gaïd Salah s'est attaqué à toutes les personnes qui seraient en train de comploter contre le peuple.
Il a commencé par mettre en doute le communiqué publié lundi 1er avril qui a simplement été attribué à Bouteflika, avant d'évoquer les réunions secrètes tenues par cetains pour torpiller sa solution de sorties de crises.
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"J’ai confirmé à maintes fois qu’en ma qualité de Moudjahid ayant lutté par le passé contre le colonialisme tyrannique et ayant vécu la souffrance du peuple en cette période difficile, je ne saurai me taire aujourd’hui sur les complots et les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude, la malversation et la duplicité sa vocation", a-t-il dit.
Et d'ajouter: "Aussi, je suis avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire, comme je le fus par le passé, et je m’engage devant Allah, et devant la patrie et le peuple, que je n’épargnerai aucun effort à cette fin, quoi qu’il m’en coûtera".
Mieux, le général Gaïd Salah estime que les prochaines décisions "attribuées" à Bouteflika, donc anticonstitutionnelles, seront purement et simplement considérées comme n'ayant jamais été prises.
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"Alors que le peuple algérien attendait avec impatience la satisfaction de ses revendications légitimes, parut, en date du 1er avril, un communiqué attribué au Président de la République, alors qu’en réalité il émanait d’entités non constitutionnelles et non habilitées, ayant trait à la prise de décisions importantes concernant la phase de transition", écrit le communiqué de l'armée.
"Dans ce contexte particulier, nous confirmons que toute décision prise en dehors du cadre constitutionnel est considérée comme nulle et non avenue", martèle-t-il.
A propos de la réunion qu'auraient tenue le général Mohamed Mediene dit Toufik, en tant qu'émissaire de Saïd Bouteflika, et l'ex-président Liamine Zeroual, Gaïd Salah a également exprimé sa désapprobation.
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"Monsieur le Général de Corps d’Armée a évoqué des réunions suspectes tenues clandestinement pour comploter contre les revendications du peuple et adopter des pseudo-solutions en dehors du cadre de la Constitution afin d’entraver les démarches de l’Armée Nationale Populaire et ses propositions de sortie à la crise et, partant, exacerber la situation et la rendre plus compliquée. Tout ceci est entrepris en coordination avec les entités non-constitutionnelles. Toutefois certaines de ces parties se sont manifestées, tentant vainement de nier leur présence dans ces réunions et induire l’opinion publique dans l’erreur, malgré l’existence de preuves irréfutables attestant ces réalités malveillantes", dit toujours le même communiqué.
Par ailleurs, le communiqué de l'armée revient aussi sur les enquêtes engagées par le procureur de la République à l'encontre de certaines personnalités, lesquelles enquêtes auraient été ordonnées par l'armée. Sans confirmer que c'est Gaïd Salah qui les a ordonnées, le communiqué semble les saluer. Il en est de même pour les avions des oligarques qui ont été interdits de décoller par les services compétents du ministère des Transports.
Cette sortie confirme bel et bien la crise larvée entre Saïd Bouteflika et Ahmed Gaïd Salah. L'entêtement du clan Bouteflika est en train de mener à la rédicalisation de l'armée.