Avant qu'une solution ne soit trouvée à la crise algérienne, les médecins finiront par diagnostiquer une instabilité d'humeur au général Ahmed Gaïd Salah. Depuis le début de la contestation, il souffle le chaud et le froid et les choses ont tendance à s'emballer. Entre hier, mardi 23, et aujourd'hui, mercredi 24 avril, le chef d'état-major de l'armée algérienne a encore changé de version.
En effet, aux menaces contre l'opposition et les manifestants pourchasseurs de ministres et de walis, a succédé une invitation au dialogue.
Le général de corps d'armée, et non moins vice-ministre de la Défense, affirme approuver "toute proposition constructive et initiative utile allant dans le sens du dénouement de la crise et menant le pays vers la paix".
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En réalité, cette déclaration, diffusée ce mercredi, avait été enregistrée la veille dans la soirée, sans doute quelques heures après que les premières réactions ne tombent, pour dénoncer ses errements, émanant de ses discours de région militaire en région militaire algériennes.
Comme lui seul sait le faire, Gaïd Salah a pris le soin d'intercaler cet appel du pied à l'opposition politique et à la société civile entre une série de propos creux qui lui servent de d'alibis, voire qui étoffent son maniement avéré de la langue de bois. .
"Allignement de l’Armée nationale populaire aux côtés du peuple", "opérer le changement escompté", "Mobilisation continue de l'armée pour accompagner les Algériens dans leurs marches pacifiques", "cohésion et concorde dans les visions entre l'armée et le peuple" et tutti quanti... Telles sont les expressions convenues dont Ahmed Gaïd Salah a émaillé cette toute dernière sortie.
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Bien sûr, il conclut cette sortie médiatique non sans convoquer, pour conforter ses dires, la constitution et les lois républicaines algériennes.
Mais concrètement le chef incontesté de "l'Etat profond" algérien ne dit pas comment il compte sortir de cette crise sans monopoliser le pouvoir, comme il semble le faire depuis l'épisode de la démission de Bouteflika.
Pire encore, en affirmant qu'il apporte les garanties de l’armée à la justice dans la lutte contre la corruption, Ahmed Gaïd Salah montre une fois de plus une terrible contradiction.
En effet, la prérogative d'appeler la justice à "accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics" ne lui incombe nullement. Comment, de ce fait, pourra-t-il expliquer ces décisions sur un plan purement constitutionnel? Mais cela, seul le chef d'état major de l'Armée nationale populaire le sait.