Alors que les étudiants algériens sont massivement sortis ce mardi 23 avril, ce qui prédit une mobilisation encore plus forte le vendredi prochain, Ahmed Gaïd Salah, dans sa nouvelle sortie de cette même journée, tente désespérement de jouer la montre.
Il appelle les Algériens à faire preuve de "patience", parle encore de "conspirations étrangères" et, surtout, demande à ce les responsables, comme les ministres, ne soient plus chassés par les manifestants lors de leurs visites sur le terrain. Toutes ces demandes faites par le chef d'état-major démontrent qu'il cherche simplement à gagner du temps, afin de continuer à imposer un système précisément décrié par des millions d'Algériens.
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Alors en visite de travail et d’inspection dans la première Région militaire (dans la région de Blida, dont le chef-lieu se trouve à 50 kilomètres d'Alger), celui qui porte encore le titre de vice-ministre de la Défense nationale a appelé le peuple algérien à "prendre toutes les mesures de précaution et de vigilance dans ces circonstances qui exigent davantage de sagesse, pour déjouer toutes les conspirations fomentées contre notre pays".
Prenant les manifestants par les sentiments, il affirme saluer "la compréhension et la conscience du peuple algérien quant à la sensibilité de cette phase" et demande que le côté pacifique des marches soit préservé, "en œuvrant à les encadrer et les organiser en vue de les prémunir de toute infiltration ou dérapage, comme fut le cas durant les marches du vendredi passé".
Ahmed Gaïd Salah poursuit son propos en faisant allusion à un supposé complot ourdi par des ennemis extérieurs de l'Algérie.
Selon lui, ce calme auquel il appelle mettra "en échec toutes les conspirations qui se trament contre notre patrie". L'Algérie est, toujours d'après ses propos, depuis 2015, la cible de "complots abjects" visant à "mettre en péril sa sécurité".
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"Nous rappelons que notre pays n'a cessé d'être la cible de complots abjects, pour le déstabiliser et mettre en péril sa sécurité, en raison de ses positions constantes et sa décision souveraine refusant tout diktat", a-t-il ainsi affirmé, dans son allocution prononcée devant les cadres de la première région militaire algérienne.
Gaïd Salah est même allé plus loin en affirmant que les services de sécurité algériens ont recueilli des "informations avérées faisant état d'un plan malveillant pour mener le pays à l’impasse", dont "les prémices remontent à 2015, lorsque les trames et les visées du complot ont été révélées".
Il faut dire que ce disque très rayé, le vice-ministre algérien de la Défense le ressort à chaque fois qu'il est à court d'arguments, mais en sus, cette fois-ci, il est également allé vers ce qu'il sait faire le mieux: la menace.
Cette fois, encore Ahmed Gaïd Salah a menacé les Algériens qui pourchassent les ministres et les gouverneurs lors de leurs visites sur le terrain.
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Sa mise en garde a été claire contre "ce phénomène étrange qui consiste à l’incitation à entraver l’action des institutions de l’Etat et d’empêcher les responsables d’accomplir leurs missions".
Ici, le chef de l'armée fait allusion à ces ministres qui ont été chassés à plusieurs reprises, alors qu'ils se trouvaient en visite sur le terrain.
Ce fut le cas à Béchar, il y a une dizaine de jours, quand les ministres de l'Intérieur, des Ressources en eau et de l'Habitat ont été empêchés de se rendre dans la localité.
Le ministre de l'Energie a également subi la même humiliation, à l'aéroport de Tébessa et à Sonelgaz, en l'espace de quelques jours.
Et pas plus tard qu'hier, le Wali d'Alger a échappé de justesse à un lynchage, avant de se retrouver brutalement limogé dans la soirée.
Au lieu de tenter de comprendre les raisons qui motivent ces actions spontanées, c'est à dire le rejet du système par la population, Gaïd Salah préfère convoquer des textes de loi et armé de la loi, menacer la population algérienne.
"Ce sont là, a-t-il averti, des comportements contraires aux lois de la République, que ne peut accepter le peuple algérien jaloux des institutions de son pays et que ne peut tolérer l’Armée nationale populaire, qui s’est engagée à accompagner ces institutions conformément à la Constitution".
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Le chef d'état-major de l'armée algérienne a ensuite demandé aux Algériens de laisser ces cadres, pourtant visiblement honnis, faire leur travail, en d'autres termes de laisser les voleurs continuer à voler, des corrupteurs persévérer dans la corruption et des imposteurs, poursuivre leur imposture.
Ahmed Gaïd Salah appelle ainsi, en toute langue de bois, "à ne pas tomber dans le piège de la généralisation et de se garder de faire des préjugés concernant l’intégrité et le dévouement des cadres de l’Etat, qui comptent parmi eux, beaucoup de cadres honnêtes, intègres et loyaux, qui veillent à garantir la continuité des institutions de l’Etat et assurer le bon fonctionnement des affaires publiques au service de la nation et des intérêts des citoyens".
Le chef de l'armée algérienne est donc décidé à dérouler son calendrier, qui consiste à imposer sa solution, et uniquement la sienne, alors que pas plus tard que la semaine dernière, il avait fait croire que plusieurs solutions étaient possibles à mettre en oeuvre dans les plus brefs délais.
Finalement, Ahmed Gaïd Salah est de nouveau en train de changer de fusil d'épaule. Sacré général.