Algérie: voici pourquoi l'élection du 4 juillet pourrait être annulée

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Le 20/05/2019 à 15h22, mis à jour le 20/05/2019 à 15h24

Alors que le délai de dépôt des candidatures auprès du Conseil constitutionnel a expiré ce lundi à 0h00, on ne compte aucun prétendant déclaré, même si les médias officiels parlent de 74 retraits de dossiers. La présidentielle du 4 juillet n'aura pas lieu, et l'Algérie est dans une impasse.

Il est peu probable que l'élection présidentielle algérienne se tienne le 4 juillet prochain, faute de candidats. En effet, le dernier délai de dépôt des candidatures était pour hier, dimanche 19 mai, mais aucun de ceux qui semblaient intéressés n'a franchi le pas. Ils étaient 74 à avoir retiré un dossier de candidature auprès du ministère de l'Intérieur, d'après la liste communiquée officiellement pas les responsables de ce département.

Malheureusement, jusque dans la soirée d'hier, dimanche 19 mai, le Conseil Constitutionnel n'a reçu aucun dossier. D'ailleurs, certains journaux algériens affirment que sur le territoire national, les éventuels prétendants n'ont pas recueilli les 40.000 signatures nécessaires à la validation des candidatures ni parmi des élus, ni auprès des citoyens. 

A supposer même qu'il y ait eu des dépôts de candidatures dimanche un peu avant 23 heures 59, délai de rigueur, on serait face à une situation inédite. En effet, pour la première fois dans l'histoire des hommes politiques, des anonymes brigueraient le suffrage de leur peuple en se faisant discrets comme des hyènes. Ce silence est donc synonyme de prudence, quand le peuple algérien sort tous les vendredis depuis 3 mois pour exiger que "le système dégage". 

C'est dire que même le FLN qui défend à cor et cri la solution de sortie de crise par la présidentielle du 4 juillet ne croit plus à cette voie.

Ahmed Gaïd Salah est-il finalement le seul à s'y focaliser? Pas sûr, même si tel était son plan préalable au nom du respect de la Constitution. Mais aujourd’hui, le chef de l’armée semble surtout occupé par le fait d'asseoir son autorité unique et indiscutable pendant la période de transition, qui peut durer longtemps.

L'absence de candidat annule de facto l'élection présidentielle, même s'il était certain qu'à l'échéance du 4 juillet, la rue continuera de la dénoncer et refusera d'y prendre part. Sans candidat et sans électeurs, l'Algérie pourrait être plongée dans un vide constitutionnel, puisque l'intérim de Abdelkader Bensalah à la tête du pays ne doit durer que 90 jours.

Il est clair que l'unique sortie de crise devrait être politique. C'est pourtant ce que proposait Louisa Hanoune, la leader du Parti du travail (PT) et qui lui a valu officieusement d'être placée en détention. C'était aussi l'objet de la lettre ouverte adressée par le général Houcine Benhadid, lui aussi actuellement en prison pour ce même délit d'opinion.

Demain, mardi 21 mai, Ahmed Gaïd Salah pourrait s'exprimer depuis Ouargla, siège de la 4e région militaire où il se trouve actuellement en tournée pour la quatrième fois en un mois. Dans ce cas, ce qu'il dira ne laisse plus aucun doute: il va se cramponner davantage au pouvoir et fera tomber quelques têtes supplémentaires. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/05/2019 à 15h22, mis à jour le 20/05/2019 à 15h24