Algérie: mais où sont donc passés les 585 milliards de dinars collectés pour la campagne de Bouteflika?

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Le 14/08/2019 à 12h35, mis à jour le 14/08/2019 à 12h38

Revue de presseLes fonds collectés pour la campagne présidentielle de Abdelaziz Bouteflika se sont littéralement volatilisés. Si certains oligarques, qui avaient contribué à cette manne, sont actuellement en prison, cette importante somme, l'équivalent de 4,5 milliards de dollars, est actuellement introuvable.

Les nouvelles têtes, actuellement au pouvoir en Algérie, se posent une question lancinante: mais où donc pu passer les 585 milliards de dinars, soit plus de 4,5 milliards de dollars, qui devaient servir au financement de la campagne pour un 5e mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika?

Pour Le Soir d’Algérie, cette importante somme, collectée entre janvier et avril dernier, et transférée sur un compte bancaire, s’est littéralement volatilisée, quelques jours avant la démission de l’ancien président Bouteflika.

«L'enquête judiciaire en cours a permis de collecter des preuves accablantes sur les méthodes utilisées par les Bouteflika dans le cadre du financement de la campagne électorale pour le cinquième mandat. Les éléments récoltés ont aussi, et surtout, permis d’apprendre que près de 585 milliards ont été mis à la disposition de l’ancien président, mais il n’en reste plus trace aujourd’hui...», peut-on ainsi lire sur la version en ligne de ce quotidien. 

Il faut dire que beaucoup de personnes, dont les généreux donateurs, sont principalement les oligarques proches du clan Bouteflika, lesquels doivent leur position à leur relation avec le clan Bouteflika.

Ainsi, toujours selon Le Soir d‘Algérie, «sur les douze personnes concernées, huit constituaient ce que l’on appelle l’oligarchie dont la naissance et l’expansion sont étroitement liées à Abdelaziz Bouteflika et sa famille».

Parmi ceux-ci, figurent les frèresTahkout, les frères Eulmi (Sovac), les frères Benhamadi (Condor), Mohamed Baïri (groupe Ival), etc., ainsi que Ali Haddad, l’ancien patron du patronat algérien, et bien d’autres oligarques, dont certains sont en fuite, qui sont également impliqués dans ce financement occulte de la campagne présidentielle.

Tous ces oligarques, que Ahmed Gaïd Salah avait qualifiés, dans un de ses discours au lendemain de la chute de Bouteflika, de "issaba" ("la bande au pouvoir") sont considérés comme étant les architectes d'un cinquième mandat voulu pour Abdelaziz Bouteflika, alors qu'ils étaient avant tout intéressés à conserver leur fortune et leurs privilèges.

D’où, en conséquence, leur générosité qui a permis de collecter en très peu de temps cette somme colossale de 585 milliards de dinars.

Seulement voilà: selon le quotidien algérien, qui cite des sources proches du dossier, cette «somme astronomique s’est envolée quelques temps avant l’éclatement des évènements dans le pays».

A-t-elle était transférée à l’étranger, ou a-t-elle été subtilisée par certains caciques du régime, qui sentaient que la fin approchait?

L’enquête en cours devrait élucider ce mystère.

Il convient de souligner par ailleurs que l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, et Abdelghani Zaälane, qui avait été désigné en tant que "chef de campagne" de Bouteflika, ont été placés sous mandat de dépôt et accusé d’avoir participé au financement occulte de la campagne électorale du président déchu. 

Par Karim Zeidane
Le 14/08/2019 à 12h35, mis à jour le 14/08/2019 à 12h38