Alors qu'en Algérie, le chef d'état-major s'est substitué au chef de l'Etat, allant jusqu'à donner des ordres à ce dernier, l'ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche est sorti de sa réserve pour mettre en garde le système ou plutôt "les réseaux" contre leurs dérives.
"Ces réseaux veulent continuer à fixer la posture de l’armée et sa feuille de route. Ces tenants, leurs médias et leurs relais sont toujours en régénérescence ou en renforcement. Ils refusent tout bonnement un fonctionnement institutionnel de l’Etat et des pouvoirs", a dénoncé celui qui fut chef de gouvernement entre septembre 1989 et juin 1991.
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En revanche, selon lui, on ne devrait pas présenter le "Hirak comme une crise". "Non. Le peuple n'a pas créé de nouvelles difficultés, ni de nouvelle déstabilisation, ni de nouveau dysfonctionnement, y compris sur le plan économique et social. Il n’a créé ni perturbation ni violence supplémentaire au pouvoir ou à l’armée", dit-il, continuant de tresser des lauriers au Hirak.
En effet, le mouvement populaire, dit-il, a rendu à "l'image de l'armée son éclat malgré l’affligeant fait de voir une kyrielle d’anciens hauts responsables en prison, ce qui dénote l’ampleur d’un désastre national".
Poursuivant son constat sur les mérites du Hirak, souligne le fait "d’avoir révélé tant de désordres et de malversations dont la presse et les médias abreuvent l’opinion impliquant des plus hauts responsables et fonctionnaires de différentes institutions, Premiers ministres, généraux-majors, ministres et autres hauts cadres et agents de l’Etat, banquiers et entrepreneurs".
Après avoir reconnu l'apport du hirak dans un contexte où l'Algérie courait à la catastrophe, il sonne la charge contre "les réseaux".
S'il se garde de les qualifier de mafieux, il les accuse de tous les maux. "Le système algérien n’est pas un modèle et ne ressemble à aucun autre. C’est un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations. C’est un système liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et antinational".
De ces caractéristiques, il en a découlé l'anéantissement de "l'embryon de l'Etat, fruit de la guerre de libération nationale".
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Pire, il craint que, "pour sa survie", le système ne finisse "par briser la cohésion de l'Armée nationale populaire (ANP)", ajoutant que les troupes de "l'ANP évalueront mieux que moi le degré de cette menace".
Par conséquent, ceux qui s'agitent pour imposer leur volonté risquent de mettre le pays sens dessus-dessous, surtout s'ils veulent élire un chef de l'Etat dans la précipitation, sans certaines "conditions", notamment la transparence du scrutin et la garantie des pouvoirs réels du futur président.
"Toutes ces questions graves et plus décisives les unes que les autres échoient-elles à un processus de dialogue mené par ceux-là mêmes dont le hirak exige le départ", se demande Mouloud Hamrouche.
Il conclut par une sagesse que doit méditer Ahmed Gaïd Salah. "Le choix ne doit pas être entre le Système et le chaos, mais entre le Système et une Algérie meilleure".