Algérie. Présidentielle: 80 postulants et les menaces de Gaïd Salah contre ceux qui s’opposent

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Le 27/09/2019 à 13h35, mis à jour le 27/09/2019 à 13h36

Quatre-vingt postulants à la présidentielle algérienne du 12 décembre prochain ont retiré les formulaires de souscriptions des signatures individuelles. Face aux opposants, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah annonce des «mesures nécessaires» pour que les citoyens puissent voter.

Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) est en train de réussir son pari en imposant son calendrier pour une présidentielle et certainement imposer le futur président de l’Algérie au peuple.

En effet, malgré l’opposition du peuple et de l’opposition radicale, l'homme fort d’Algérie tient à organiser les élections présidentielles en décembre prochain, sans passer par une période de transition dirigée par un gouvernement neutre.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il pourra se targuer d’avoir suscité un engouement en termes de candidatures pour ce scrutin.

En effet, si l’on s’en tient aux données de l’Algérie Presse Service (APS), ce sont plus de 80 postulants qui ont retiré les formulaires de souscriptions des signatures individuelles, même si aucun véritable opposant n'y figure.

En effet, comme le stipule la nouvelle loi organique relative au régime électoral, chaque candidat à la présidentielle doit présenter 50.000 signatures individuelles au moins, celles d’électeurs inscrits sur une liste électorale à travers au moins 25 wilayas du pays, avec un minimum de 1.200 signatures par wilaya.

Parmi ces postulants, figurent de nombreux dirigeants de partis politiques et des personnalités algériennes connues, dont Ali Benflis (président du parti Talaïe El Houriet), Abdelaziz Belaid (président du Front El Moustakbal), Aissa Belhadi (Président du Front de la bonne gouvernance), Abdelkader Bengrina (Président du mouvement El Bina), Ali Zeghdoud (président du parti du Rassemblement algérien -RA), Mourad Arroudj (président d'Errafah), Belkacem Sahli (président de l’Alliance nationale république).

Aux côtés des dirigeants de partis politiques, il y a aussi des candidats indépendants, parmi lesquels Abdelmadjid Tebboune, que beaucoup pensent être le Joker du général de corps d’armée Gaïd Salah.

L’ancien Premier ministre a fait son come-back après son remplacement brutal le 15 août 2017 par le clan Bouteflika, du fait de ses relations difficiles ave les oligarques proches du Saïd Bouteflika.

L’homme, qui garde une dent contre le clan Bouteflika et ses oligarques, pourrait ainsi être le candidat idéal pour Gaïd Salah et une partie de l’appareil politico-militaire, qui souhaite continuer à garder une mainmise totale sur le pouvoir, tout en évinçant définitivement tout ceux qui étaient proches du clan Bouteflika.

Toutefois, ces élections ne sont pas acceptées par le mouvement populaire pacifique, qui défile pacifiquement depuis le 22 février dernier dans toutes les villes d'Algérie, et qui a réussi à empêcher un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika avant de le pousser à la démission.

Conscient que le peuple est opposé à des élections qui ne peuvent être transparentes, le général de corps d’armée menace désormais tous ceux qui ne comptent pas suivre son agenda.

Ainsi, dans une nouvelle sortie hier, jeudi 26 septembre, Ahmed Gaïd Salah a souligné que «le Haut commandement de l’ANP prendra, dans les meilleurs délais, toutes les mesures nécessaires qui permettront aux citoyens d’exercer leur droit électoral dans un climat de sérénité et de quiétude, et dans les meilleures conditions sécuritaires».

Des menaces à peines voilées de la part du chef de l'armée algérienne, qui semble tout à fait conscient que de la large opposition à ces élections, qui risquent remettre en selle d'anciens apparatchiks du régime, dont les Algériens ne veulent pas, avec ces candidatures annoncées des anciens Premiers ministres et ministres sous le long règne de Bouteflika, tel Tebboune, Benflis, Belkhadam et d'autres. 

Face à cette situation, le général s'est donc, une fois de plus, montré menaçant. «Tous ceux qui se mettront en travers de cette solution constitutionnelle et de la revendication populaire, ou qui oeuvrent à faire obstacle à ce processus national vital, sous quelle que forme que ce soit, trouveront une sanction juste et rigoureuse, voire dissuasive, conformément à la loi, car il n’y a pas de place pour les manigances quand il s’agit de l’intérêt suprême du pays», a-t-il martelé.

Il paraît donc évident que la répression et les emprisonnements vont s'intensifieront d’ici à la prochaine présidentielle durant un peu plus de deux mois, jusqu'au scrutin du 12 décembre prochain.

Par Karim Zeidane
Le 27/09/2019 à 13h35, mis à jour le 27/09/2019 à 13h36