Algérie. Présidentielle: Abdelmadjid Tebboune est-il le joker de Gaïd Salah?

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.. DR

Le 24/09/2019 à 17h13, mis à jour le 24/09/2019 à 17h33

L’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, remplacé brutalement par Ahmed Ouyahia, pourrait faire son come-back à quelques mois de la présidentielle. Il devrait retirer son dossier de candidature avant la fin du mois. Certains n’hésitent pas à le qualifier de joker de Gaïd Salah.

Et si Gaïd Salah et Abdelmadjid Tebboune n'étaient que les deux faces d'une même pièce? De nombreux observateurs et médias algériens croient fermement que le chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense a choisi l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune comme joker pour la présidentielle du 12 décembre prochain.

Ainsi, l’ancien éphémère Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika -du 25 mai au 15 août 2017-, remercié brutalement par le clan Bouteflika et remplacé par Ahmed Ouyahia à la primature algérienne, devrait, selon le quotidien El Khabar, retirer les formulaires de candidatures à l’élection présidentielle le jeudi 26 septembre, sauf changement de dernière minute ou imprévu».

Il faut dire que depuis quelque temps son nom circule parmi les potentiels candidats. Algeripart.com annonçait en début du mois que «le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah a renoué ces jours-ci le contact avec Tebboune au moment où le scrutin présidentiel du 15 décembre prochain est en cours de préparation», expliquant que «Tebboune est considéré par l’establishment militaire comme une alternative sérieuse en prévision des prochaines élections présidentielles».

D’autres voient aussi dans les circonvolutions que traversent actuellement le FLN, des manoeuvres internes visant tout simplement à baliser la voie à Abdelmadjid Tebboune qui se porterait «candidat indépendant» tout en bénéficiant de l’appareil que représente cette machine qu’est le FLN.

Ce compagnonnage entre Gaïd Salah et Tebboune ne daterait pas de la veille de l’élection présidentielle, si l’on en croit à algeripatriote.com.

Pour le site d’information, «Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, et Abdelmadjid Tebboune, ancien Premier ministre, travaillent la main dans la main depuis des années pour conquérir ensemble le pouvoir. Ils forment à eux deux le duo conventionnel idéal qui représente les deux facettes traditionnelles du système de pouvoir algérien, le premier est détenteur de l’autorité militaire et l’autre la potentialité de la représentation du pouvoir de façade».

Pour rappel, lorsqu’il occupait le poste de Premier ministre, Tebboune avait enclenché des reformes et s’était attaqué aux oligarques dont Ali Haddad, alors président du patronat algérien, les frères Kouninef, etc. Saïd Bouteflika et son clan avaient fini par avoir la tête de Tebboune et de tous les ministres proches du clan Gaïd Salah-Tebboune. C’est pour s’être attaqué aux oligarques qu’il a été démissionné. Un combat que continue Gaïd Salah depuis le départ de Bouteflika. 

Et toutes les réformes avancées par Tebboune ont été annulées par son successeur Ahmed Ouyahia, actuellement en prison.

Pour algériepariotique.com, «l’insistance de Gaïd Salah d’aller au plus vite à des élections présidentielles, avec l’intention de vouloir imposer Abdelmadjid Tebboune comme futur président de la République démocratique de façade, sous un régime militaire, est pour lui le moyen le plus efficace de neutraliser le dernier obstacle qu’est l’exigence du peuple pour un Etat civil véritablement démocratique».

Bénéficiant ainsi du soutien de l’homme fort du régime et certainement de certains partis politiques, et du fait de l’absence de candidat de l’opposition à même de lui barrer la route, Tebboune pourrait devenir le prochain président élu de l’Algérie, sachant que les conditions de la présidentielle prochaine seront tout sauf transparentes et impartiales et seront surtout marquées par un taux d’abstention élevé.

Le seul obstacle à même de barrer le dessein du joker de Gaïd Salah est le peuple qui s’est dit opposé à la présidentielle du 12 décembre prochain. Le duo passera-t-il par la force pour pérenniser un régime dont le peuple réclame l’éradication, et ce d’autant plus que Tebboune n’est pas aussi propre que les autres personnalités emprisonnées, dont l’ancien Premier ministre Ouyahia. En effet Tebboune est accusé d'avoir trempé dans les scandales de corruption de la banque Khalifa et tant d’autres dossiers.

Il est d'ailleurs bizarre que celui qui a occupé des postes importants, dont celui de ministre de l’Habitat puis du Commerce, sous le régime de Bouteflika, avant d’être parachuté au poste de Premier ministre, soit l’une des rares grandes personnalités de l’ancien régime à ne pas être inquiété.

Il faut dire aussi que l’homme s’est muré dans un silence de mort depuis le début des manifestations contre le régime de Bouteflika et depuis le départ de celui-ci.

Par Karim Zeidane
Le 24/09/2019 à 17h13, mis à jour le 24/09/2019 à 17h33