Algérie. Corruption: l'“Emir du Qatar d’Annaba“ aurait "fui" vers la Tunisie

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Le 30/09/2019 à 13h06, mis à jour le 30/09/2019 à 18h17

Revue de presseLe député FLN de Annaba, Baha Eddine Tliba, aurait "fui" l’Algérie. Suspecté de financements occultes, il aurait dû répondre à la justice algérienne cette semaine. Cette fuite n'est pas sans questionnements, du fait que le dénommé l'"Emir du Qatar d’Annaba" est jugé proche de Ahmed Gaïd Salah.

Baha Eddine Tliba, député FLN de la wilaya de Annaba, usuellement surnommé “l’émir du Qatar de Annaba“, sa ville d’origine, aurait fui l’Algérie par la frontière terrestre avec la Tunisie, selon des médias algériens, dont Echorouk et El Bilad, qui ont été les premiers à faire état de cette information. 

Cette "fuite" pourrait s’expliquer par le fait que l’homme, bien que convoqué par la justice et entre-temps déchu de son immunité parlementaire, ne faisait l’objet d’aucune interdiction de sortie du territoire national (ISTN), comme cela a été le cas de nombreuses personnalités.

Baha Eddine Tliba devait être convoqué par la justice cette semaine, et pour faciliter sa sortie du territoire, le député aurait utilisé son passeport ordinaire.

Pour nombre d’observateurs, cette fuite ressemble fort à une exfiltration, étant donné les démêlés actuels qu'il a en ce moment même avec la justice de son pays. Il est d'ailleurs fort peu probable que l’homme puisse passer facilement entre les mailles du filet des sécuritaires algériens, au moment même où de nombreux ex-dignitaires de l’ancien régime cherchent à s’échapper des griffes de l’homme fort du pays, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah.

En outre, alors que tous les ex-dignitaires et les oligarques qui avaient été des proches du clan Bouteflika, surnommés “Al Issaba“ ("la bande mafieuse"), sont actuellement emprisonnés font l'objet d'une interdiction de sortie du territoire national (ISTN), Baha Eddine Tliba avait, quant à lui, toujours bénéficié de la grâce des nouveaux dirigeants, coulant des jours tranquilles entre sa ville natal de Annaba et Paris.

Pourtant, cet homme d’affaire, dont la fortune dans l’immobilier et l’importation suscite nombre d'interrogations et de soupçons, figurait en bonne place parmi les soutiens du clan Bouteflika, qui sont à l'origine de sa fortune, comme c’est le cas de nombreux oligarques algériens, tombés en disgrâce depuis la chute de leur mentor.

Contrairement à d'autres oligarques, “l’émir du Qatar de Annaba“ est aussi considéré, par certains, comme un proche du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.

C'est sans doute ce qui explique que contrairement à d'autres oligarques, il n'a été inquiété que très tardivement, ce qui a poussé certains à se demander si l'actuelle lutte contre la corruption que mène le général Ahmed Gaïd Salah n’était pas sélective.

Rappelons enfin qu'à l’instar de quelques personnalités et oligarques emprisonnés, Baha Eddine Tliba est suspecté du "financement occulte" de la campagne que devait mener l’ex-président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat, ainsi que, en 2017, des listes du FLN, lors de la campagne pour les élections législatives et locales.

Face à ces accusations, ce député affairiste avait vite riposté, accusant les fils de l’ex-secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, de l’avoir fait chanter en lui exigeant le versement de 7 milliards de centimes (en dinars algériens) afin qu’il puisse figurer sur la liste de Annaba lors des législatives de 2017.

Par Karim Zeidane
Le 30/09/2019 à 13h06, mis à jour le 30/09/2019 à 18h17