Algérie: le régime ira à la présidentielle, l'opposition et le peuple boycottent

En Algérie, beaucoup pensent que Abdelmajid Tebboune est le candidat de l'armée.

En Algérie, beaucoup pensent que Abdelmajid Tebboune est le candidat de l'armée. . DR

Le 01/10/2019 à 09h47, mis à jour le 01/10/2019 à 10h52

Malgré l'acharnement du régime algérien à légitimer la confiscation du pouvoir par une présidentielle le 12 décembre, le boycott de l'opposition et la réticence du peuple compromettent le projet de l’homme fort d’Alger, Gaïd Salah.

Alors que Ahmed Gaïd Salah continue de s'expliquer sur son improbable neutralité, de promettre, de la manière la plus opaque, la transparence du scrutin, tout en menaçant les opposants et les manifestants, les chances de réussite de la présidentielle s'amenuisent. 

Deux raisons à cela: d'une part l'absence de l'opposition et de l'autre, la détermination du hirak à obtenir gain de cause, dans ses principales revendications, avant d'aller vers toute élection. 

Pour l'heure en effet, il n'y a aucun prétendant issu d'un parti de l'opposition pure qui s'est déclaré candidat à la présidentielle. Il n'y a que d'anciens ministres et de Premiers ministres de Bouteflika, pour les plus connus. Le reste sont souvent des indépendants, qui ne sont sont là que pour amuser la galerie, sans aucune chance de passer le cap de la validation de leur candidature. 

Parmi ceux dont les noms circulent, le site d'information Tout sur l'Algérie liste de manière non-exhaustive, "Belkacem Sahli, Abdelaziz Belaïd, Abdelkader Bengrina, Abdelmadjid Tebboune, Ali Benflis, Azzzedine Mihoubi". "On parle aussi de la probable entrée en lice de Abdelaziz Belkhadem. Soit trois anciens Premiers ministres et autant de ministres de Bouteflika", ajoute-t-il.

Non seulement, il n'y a aucun candidat de l'opposition, mais en plus, les deux "les deux derniers partis qui avaient laissé un brin de suspense ont fini par trancher pour la non-participation". Il s'agit du Forum de la justice et du développement (FJD) d'Abdallah Djallaba et du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste, de Abdarrazak Mokri. 

Ces deux rejoignent déjà les frondeurs qui avaient refusé la présidentielle du 12 décembre, telle que proposée par le général de corps d'armée.

Avant Mokri et Djallaba, les opposants Abdelaziz Rahabi, Mohamed Saïd et Ali Faouzi Rebaine, avaient dit non, notamment en faisant partie des signataires de la plateforme de Aïn Benian. 

Ainsi, "ils rejoignent dans le front du boycott, l’autre bloc de l’opposition composé du RCD, du FFS, du PT et des autres partis de l’Alternative démocratique", souligne Tout sur l’Algérie.

Les rares qui font exception sont Ali Benflis et Abdelkader Bengrina, deux opposants ayant officiellement déclaré leur candidature, au cours du mois de septembre. Or, ces deux seuls issus des rangs de l'opposition ne sont pas en mesure crédibiliser le scrutin. 

En somme, les Algériens auront à choisir entre les candidats d'un régime dont ils réclament la fin depuis huit mois et deux représentants de l'opposition considérés comme des faire-valoir de Ahmed Gaïd Salah. 

C'est d'ailleurs ce qui risque de mener vers l'autre raison pour laquelle l'élection sera un échec: le boycott des citoyens. Car, à ce stade, aucune assurance n'est donnée réellement concernant la transparence du scrutin, la représentativité des choix. 

Il suffit d'ailleurs de voir, la pression croissante que les manifestants du vendredi et ceux du mardi continuent de mettre sur Ahmed Gaïd Salah et le gouvernement de Noureddine Bedoui. 

En réponse, le vice-ministre algérien de la Défense multiplie les sorties pour que se tiennent la présidentielle le 12 décembre. S'il ne menace pas "tous ceux qui se mettent au travers de cette solution constitutionnelle", il met en garde les politiciens qui appellent au boycott. 

S'il ne répond pas aux étudiants qui manifestent le mardi, c'est que le jeudi, il a prévu de faire une injonction au peuple pour que les milliers de manifestants ne sortent pas le vendredi. Entre deux discours menaçants, il revendique sa neutralité et celle l'armée et affirme n'avoir "aucun candidat", comme cela a été le cas, dimanche 29 septembre. 

La question qui se pose est de savoir si tout ceci lui permettra de faire se tenir le scrutin du 12 décembre, alors qu'à deux reprises cette année, les Algériens ont désavoué le régime. Rien n'est moins sûr. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 01/10/2019 à 09h47, mis à jour le 01/10/2019 à 10h52