Algérie: HRW dénonce la persécution de la minorité protestante

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Le 24/10/2019 à 14h12, mis à jour le 24/10/2019 à 14h13

La petite minorité protestante en Algérie est réprimée par les autorités, comme le montre la fermeture mi-octobre de trois de ses églises, a dénoncé jeudi l'ONG Human Rights Watch (HRW) qui appelle le gouvernement à protéger la liberté de tous les cultes.

Au total, 12 lieux de culte de l'Eglise protestante d'Algérie (EPA), qui revendique 46 et une dizaine de milliers de fidèles, ont été fermés depuis un an, parmi lesquels le plus important du pays, l'église du Plein évangile à Tizi Ouzou (à une centaine de km à l'est d'Alger).

Le ministère de l'Intérieur a justifié mardi ces fermetures en affirmant que ces lieux de culte avaient été ouverts sans autorisation, parlant de "hangars, garages et constructions anarchiques convertis illégalement en églises" et souligné que l'Algérie respectait la liberté de culte, garantie par la Constitution, rappelant notamment que les églises catholiques fonctionnaient.

Pour HRW, ces récentes fermetures "arbitraires" d'églises protestantes sont "les derniers exemples en date de la répression qu'endure cette minuscule minorité religieuse" en Algérie.

Les autorités "devraient accorder aux minorités religieuses la même liberté de pratiquer leur culte qu'à la majorité musulmane", a déclaré dans un communiqué Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'ONG de défense des droits humains.

Interrogé le 16 octobre par l'AFP, le pasteur Salah Chalah, président de l'EPA fondée en 1974, avait estimé que celle-ci était "dans la légalité".

Il a assuré n'avoir "pas cessé de faire des démarches, sans réponse, auprès des autorités depuis (l'ordonnance de) 2006" sur "l'exercice des cultes autres que musulmans", qui soumet l'ouverture d'un lieu de culte à l'accord préalable d'une commission ad hoc.

Le pasteur Salah Chalah a également affirmé ne pas parvenir à renouveler l'agrément de l'EPA, datant de 1974, comme l'exige une loi de 2012 qui contraint toutes les associations déjà enregistrées à déposer un nouveau dossier.

Dans son communiqué, HRW qualifie l'ordonnance de 2006 de "discriminatoire", car elle impose des règles "qui ne s'appliquent pas aux musulmans" et rappelle que la loi sur les associations a été utilisée contre d'autres cultes en Algérie, notamment les Ahmadis, un courant minoritaire de l'islam.

L'historienne Karima Dirèche a récemment expliqué à l'AFP que l'EPA est "dans le viseur", car désormais majoritairement constituée de communautés "néo-évangéliques" dont les fidèles revendiquent bruyamment "leur algérianité et leur conversion et affichent clairement un projet de réveil du christianisme en Algérie".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 24/10/2019 à 14h12, mis à jour le 24/10/2019 à 14h13